Stéphane BARON – L’affaire de Cussac

Toledo, le 18 octobre 2025

L’affaire de Cussac : un mystère au cœur de l’Auvergne

Le 29 août 1967, sur le plateau isolé de Cussac, dans le Cantal, deux enfants font une observation qui marquera durablement l’histoire de l’ufologie française. En pleine matinée, alors qu’ils gardent leur troupeau, ils remarquent à proximité une sphère lumineuse et quatre petites silhouettes sombres semblant interagir autour d’elle. Quelques instants plus tard, les êtres disparaissent dans la sphère, laquelle s’élève brusquement dans le ciel avant de s’éloigner à grande vitesse, laissant derrière elle une odeur de soufre et un cercle d’herbe desséchée.

Rapidement, l’affaire attire l’attention de la gendarmerie, de la presse et, plus tard, du GEPAN, qui en fera l’un de ses premiers grands dossiers d’enquête. Malgré les nombreuses analyses, reconstitutions et hypothèses — allant de la méprise avec un hélicoptère à la manifestation inexpliquée —, aucune explication définitive n’a jamais été retenue.

Il y a un article sur Wikipédia ici, il vaut ce que ses contributeurs y ont mis.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rencontre_de_Cussac

Plus d’un demi-siècle plus tard, le mystère de Cussac continue de fasciner chercheurs, sceptiques et passionnés. Ce cas demeure emblématique de la complexité du phénomène OVNI en France : un mélange de témoignages supposés sincères, de données physiques intrigantes (à défaut d’être convaincantes…) et de nombreuses zones d’ombre persistantes.

Le regard de Stéphane BARON

Stéphane BARON nous offre une lecture détaillée sur cette affaire, qu’il livre dans un long interview sur la chaine UFO Conscience – Mystères, OVNI et Paranormal.

L’émission s’appelle l’Emission Spéciale 38 et c’est un des sujets de ladite émission – OVNI : DÉMYSTIFICATION DU CAS DE CUSSAC.

Le début de son intervention est ici :

Les méthodologies HVS et CANAT

Stéphane BARON introduit deux méthodologies : HVS et CANAT, en lien avec les P.A.N.s / OVNIs et le GEIPAN (l’organisme officiel français d’étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés).

À ce jour, ces deux méthodes — HVS (Score de Validité Hypothétique) et CANAT — ne figurent pas dans la littérature scientifique connue ni dans les publications officielles du GEIPAN ou des revues d’ufologie majeures.

Elles semblent donc être des cadres d’analyse originaux développés par l’auteur du futur livre “Retour en Magonie, vers la résolution de l’équation PANs/OVNIs”.

Voici ce qu’on peut en déduire à partir du texte :

Méthode HVS (Score de Validité Hypothétique)

  • Le nom suggère un système de notation visant à évaluer la robustesse d’une hypothèse concernant un cas ou un phénomène.
  • “Score de Validité Hypothétique” laisse penser à une approche semi-quantitative (chaque hypothèse reçoit un score selon des critères de cohérence, vérifiabilité, compatibilité avec les données, etc.).

Grille CANAT

  • Décrite comme une grille interprétative, donc un outil pour analyser et classer les cas ou interprétations.
  • Elle serait au cœur du livre et en cours de soumission à une revue académique, ce qui indique une tentative de formalisation scientifique.

Contexte général

  • Baron fait un lien avec la notion de “Magonie”, concept emprunté à Jacques Vallée (dans Passport to Magonia, 1969), où les phénomènes OVNI sont interprétés sous un angle psycho-culturel ou symbolique autant que physique.
  • Le projet vise donc probablement (?) à réconcilier différentes approches (scientifique, culturelle, psychologique) dans l’étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés.

Des warnings déjà…

Alors, disons tout de suite…Il est très moche de critiquer des méthodes qui ne sont pas encore publiées, dont nous ne savons rien.

C’est assumé !

Mais nous voyons déjà quelques points qui nous paraissent très délicats, et l’avenir nous donnera raison, ou pas.

Le risque d’auto-référentialité

Créer sa propre grille d’analyse (comme HVS ou CANAT) sans validation externe revient à être juge et partie.

Le chercheur définit les critères, les applique lui-même, puis conclut sur leur pertinence.

Cela peut introduire un biais de confirmation méthodologique : la méthode semble robuste parce qu’elle produit des résultats cohérents… avec ses propres postulats.

La nature même du phénomène étudié

Les PANs/OVNIs sont par essence des phénomènes :

  • Sporadiques,
  • Non reproductibles,
  • Dépendants du témoignage humain.

Une méthode d’évaluation, même sophistiquée, repose donc sur des données qualitatives fragiles.

Le risque est de construire une belle architecture logique sur une base mouvante — comme bâtir une tour sur du sable.

Pour aller VRAIMENT plus loin…

La véritable avancée ne viendra pas seulement d’un nouveau modèle d’analyse, mais d’une collecte rigoureuse, massive et vérifiable de données — condition indispensable pour transformer la curiosité en connaissance.

C’est très précisément ce qu’avait tenté un groupe de travail de la NASA, en essayant déjà de voir où pourraient se trouver des données pertinentes dans leurs capteurs actuels, mais ils avaient rapidement compris les limites auxquelles ils étaient confrontés.

Peu importe, saluons de toute manière l’approche de Stéphane Baron, en espérant qu’une pierre à l’édifice puisse être apportée, et éclairer un peu plus nos connaissances.

Seconde Partie de l’émission

Stéphane Baron continue à développer sa théorie d’un ballon espion Américain de type Palladium en donnant un grand nombre d’arguments.

Il donne un maximum de contexte à la situation historique de ces années en termes de guerre froide, de technologies d’espionnage et des limites des satellites à ce moment, et l’utilisation des ballons pour combler ces dites limitations.

Je suis d’accord, tout cela est parfaitement correcte d’un point de vue de l’argumentation technique.

Mais est-ce bien cela qui s’est produit ? Compliqué…Trop de convictions non étayées se transforment rapidement en argument d’autorité.

Ce que j’en pense…

Ce que nous répétons depuis le début, c’est que pour faire de la science, il faut des données.

Sans elles, aucune méthode — aussi élégante ou innovante soit-elle — ne peut prétendre à une validité scientifique.

Or, dans le domaine des PANs, les données sont souvent fragmentaires, subjectives ou incomplètes : témoignages isolés, observations non instrumentées, documents manquants, ou pire encore, mensonges et manipulations.

Les méthodologies comme HVS ou CANAT tenteront certainement de donner un cadre à ces matériaux épars. Mais sans un socle empirique solide, la construction reste fragile : on ne bâtit pas une théorie sur l’incertitude, on tente seulement d’en organiser la lecture.

J’imagine que Stéphane Baron en est conscient. La présentation de l’affaire Cussac dans l’émission est remarquable, je l’ai rapidement compris en m’apercevant qu’il avait déjà conscience que plusieurs narratifs existaient, et qu’il avait choisi une source précise, plutôt qu’un mash-up que l’on trouve ici et là.

Honnêtement, à l’oreille, ses déclarations passent très bien.

Cependant, en lisant les commentaires, certains pensent que le narratif n’est pas exactement celui que certains auraient entendus.

Je répète : La nature même du phénomène étudié est BEAUCOUP trop dépendante du témoignage humain, et ce narratif se transforme rapidement avec le temps, ce que l’on remarque dans toutes les « grandes affaires » d’OVNI.

Quelques commentaires trouvés ici et là…

Commentaire de @sivolis : Si l’hypothèse du ballon-espion américain est la bonne, la manière dont les quatre opérateurs sont arrivés sur les lieux n’est toujours pas expliquée. Aucun stationnement ni aucun passage de véhicule n’a été signalé par les témoins. Et même si, avant sa mise en œuvre, la membrane du ballon pouvait être transportée à pieds pliée dans un simple sac à dos, celui-là n’a pas pu être gonflé comme s’il s’agissait d’un ballon de baudruche ! Un appareillage était obligatoirement nécessaire.

Sur UFO-Scepticisme, Marcassite fait une longue tirade qui semble faire sens aussi.

https://ufo-scepticisme.forumactif.com/t7471-ovni-demystification-du-cas-de-cussac?nid=1052#112852

C’est à lire, mais en résumé, Marcassite publie une analyse extrêmement détaillée et critique de la thèse du « ballon mylar ».

Il souligne de nombreux points faibles, erreurs ou contradictions physiques et méthodologiques dans l’argumentation de Baron.

  • Ses critiques portent sur :
    1. L’odeur : Baron parle d’ozone dû à la triboélectricité du mylar, mais Marcassite rappelle que le soufre signalé par les témoins correspond mieux à des gaz issus d’un moteur (hélicoptère).
    2. La triboélectricité : le phénomène nécessite un air sec et des frottements répétés ; or, les conditions météo du 29 août 1967 (brouillard, humidité) rendent cette explication improbable.
    3. L’absence de témoin d’un véhicule au sol alors que des préparatifs de 45 min auraient eu lieu.
    4. Les arguments d’autorité employés par SBN sans preuves vérifiables (existence réelle de ballons mylar sphériques de < 10 m en 1967).
    5. Les reflets lumineux censés provoquer des hallucinations : Marcassite réfute l’idée qu’un effet stroboscopique aléatoire puisse produire de telles perceptions.
    6. La direction du vent et la trajectoire du ballon : incohérentes avec les données météo.
    7. Le bruit entendu : incompatible avec un ballon, plus cohérent avec un appareil motorisé (hélicoptère).
    8. Les vaches effrayées : les bovins ne réagissent pas à la lumière forte mais bien au bruit d’un hélicoptère.
    9. Les aspects techniques et historiques :
      • Aucun ballon espion mylar de 3–5 m n’est documenté en 1967.
      • Les programmes de ballons espions américains (WS-119L, WS-461L, Skyhook) avaient cessé avant 1967.
      • Lancer un tel ballon depuis le Cantal n’aurait eu aucun sens stratégique.
    10. Comparaisons erronées : SBN confond les ballons espions avec les satellites réflecteurs Echo 1/2 (40 m de diamètre, en orbite).

Pour conclure…

L’explication de Baron a ses avantages et ses inconvénients, et celle de Marcassite aussi.

Il y a trop d’éléments imprécis, comme ce disque d’herbe brulé au sol, sur lequel ont voit que l’on a rapidement tendance à énumérer des théories sans même être certain qu’il ait vraiment été présent.

J’ai apprécié le côté « exploratoire » de Baron, tandis que notre très terre-à-terre Marcassite nous rappelle qu’en science, plus une théorie est simple, plus elle a de chances d’être juste.

Vous choisissez !