Martin Willis – Conversation avec Timothy Phillips

Traduction par Toledo, le 4 juillet 2025

Sources

[Début du podcast]

Martin Willis : Bonjour et bienvenue dans l’émission. Je suis Martin Willis, votre hôte. Je suis vraiment enthousiaste à propos de notre invité aujourd’hui : Tim Phillips, l’ancien directeur par intérim de l’AARO. Il y est resté environ dix mois et… j’ai beaucoup de questions à lui poser. Il a un parcours impressionnant et, comme je l’ai dit, je suis très enthousiaste. J’espère poser certaines des questions que vous vous posez peut-être, vous qui nous écoutez, à propos de l’AARO.

Notre billet de blog cette semaine concerne le cas de… excusez-moi… c’est un nom italien. Vérifiez-le sur podcastufo.com. Le nom de famille est « Anfreda ». C’était une affaire d’OVNI datant d’environ les années 1970. Allez voir ça.

La semaine prochaine, nous recevrons Ella Lebane. Et ce vendredi à 18 heures, heure de l’Est, Nick Pope sera dans notre émission du vendredi soir.

Je fais entrer notre invité dès maintenant. Bienvenue Tim, bonjour et merci beaucoup d’avoir accepté de faire cela.

Tim Phillips : Bien sûr, bien sûr. En fait, j’ai opté pour le programme de démission différée, donc je ne suis plus sous la tyrannie ni du bureau des affaires publiques du renseignement, ni de celui du Département de la Défense. Donc, je suis heureux d’être ici.

Martin Willis  : Oui, oui. Et donc, je comprends que… vous savez, j’ai écouté votre… euh… votre interview avec Andy, et je l’ai trouvée fascinante. Et en fait, vous n’aviez pas vraiment d’intérêt pour le sujet des OVNIs. Pouvez-vous expliquer… tout d’abord, donnez un peu de contexte sur votre parcours, et ensuite, comment vous avez été entraîné dans cette situation. Et ensuite, nous parlerons de ce qui s’est passé par la suite.

Tim Phillips : Bien sûr. Je suis un enfant de Tucson, en Arizona. Mon père a volé pour l’Armée de l’air. Et pendant les 18 premières années de ma vie, j’ai passé la moitié de ce temps à l’étranger, soit en Europe, soit sur l’île de Guam pendant la guerre du Vietnam. On revenait à Tucson entre les missions.

La plus longue période que j’aie passée à Tucson, c’était quatre ans, à l’Université de l’Arizona, après l’obtention de mon diplôme. Ensuite, je suis devenu officier dans les Marines. J’étais officier en communications et électronique, affecté principalement à des unités d’infanterie différentes, et aussi à une unité blindée à une époque. J’ai eu l’opportunité de servir dans la First Tank Battalion, ce qui fut une expérience formidable.

J’ai fait environ 20 à 21 ans dans le Corps des Marines. Comme beaucoup de gens de ma génération, je suis arrivé à l’âge de la retraite autour du 11 septembre 2001.

Ensuite, après les attentats, j’ai eu pendant un moment la responsabilité du Moyen-Orient également. À l’époque où il y avait encore des conflits en Irak et en Afghanistan, j’ai pu être déployé en Afghanistan comme directeur d’un groupe opérationnel. J’étais présent au moment de l’effondrement du pays. J’ai contribué à la destruction de plusieurs installations militaires, y compris une magnifique ambassade américaine à Kaboul, puis j’ai fini à l’aéroport international Hamid Karzai pendant l’évacuation.

Donc oui, je m’en souviens très bien. Une carrière plutôt variée. Mais principalement, mon domaine d’expertise, c’était le renseignement, la collecte de renseignements techniques — c’est en quelque sorte le domaine dans lequel j’évoluais. Et j’ai occupé différents postes de direction et de gestion dans toute la communauté (du renseignement) au cours de mes vingt-et-quelques années de service.

Je ne connaissais rien aux UAP (Phénomènes Aérospatiaux Non identifiés). Ce n’était vraiment pas mon centre d’intérêt. J’étais plutôt un spécialiste de la lutte contre le terrorisme ou de la prolifération des armes nucléaires, avec une expertise régionale au Moyen-Orient et en Asie du Sud.

Quand ma mission a pris fin brutalement en Afghanistan, j’ai dû recevoir une nouvelle affectation. Conrad Tropman, ancien J2 (chef du renseignement) du SOCOM (Commandement des opérations spéciales), travaillait comme adjoint du conseiller militaire du directeur (de l’ODNI). À l’époque, c’était le lieutenant-général Cruz, qui est aujourd’hui directeur de la DIA (Defense Intelligence Agency). J’ai travaillé pour lui comme conseiller en renseignement auprès du groupe des conseillers militaires du Directeur du renseignement national.

C’était donc ma fonction à ce moment-là. Un jour, le général Cruz est entré dans mon bureau, a fermé la porte et m’a demandé de considérer une affectation dans cette entité appelée AARO.

Je ne connaissais rien à AARO. Ce n’était pas du tout sur mon radar. Mais ils voulaient un professionnel du renseignement expérimenté pour servir là-bas en tant qu’adjoint du Dr Sean Kirkpatrick, qui en était le directeur.

J’avais connu Sean professionnellement — je connaissais son rôle, notamment dans le renseignement antimissile et spatial — mais je n’avais jamais travaillé avec lui auparavant.

Il m’a dit, en fait, que l’une des raisons pour lesquelles il m’avait recruté, c’est parce que je considérais la compréhension des UAP comme un problème de renseignement dur (hard intelligence), et que j’avais travaillé sur d’autres problèmes complexes où l’on bâtit une équipe spécialisée, qu’on examine toutes les capacités de notre gouvernement pour mieux comprendre une menace étrangère — ou dans ce cas, les PAN — afin de déterminer de quoi il s’agit et quels sont les enjeux en matière de sécurité nationale.

J’ai donc principalement accepté ce poste en l’abordant sous l’angle des menaces à la sécurité nationale. Je n’avais aucune conviction personnelle, ni aucun intérêt pour l’idée que des extraterrestres nous visiteraient. Je n’étais pas curieux à ce sujet. Ce à quoi je faisais face, c’étaient des menaces actuelles, des gens qui essayaient de me tuer à l’étranger, et je devais me concentrer là-dessus.

Martin Willis : Oui. Eh bien, d’abord, je tiens à vous remercier pour votre service. Et je dois vous dire… j’ai été attaqué, personnellement, juste à cause d’un invité que j’ai reçu récemment… sur X, vous savez, l’ancien Twitter… Les réseaux sociaux… Je dois vraiment quitter cette plateforme, c’est assez… toxique. Quelqu’un m’a accusé en disant : « Ah, donc tu crois que des extraterrestres visitent la Terre ». Et j’ai répondu : « Si vous écoutez mon émission, jamais — pas une seule fois — je n’ai affirmé cela. Je dis simplement que je ne sais pas ce que c’est, voilà tout. »

Mais je suis sûr que, avec tout ce que vous avez fait, quand vous avez pris ce poste, vous avez vu toutes sortes de commentaires du public. Il y a beaucoup de gens dans la communauté ufologique qui ont été très déçus par certaines des déclarations de Sean Kirkpatrick. Je ne suis pas là pour le dénigrer. Mais je voulais simplement soulever quelques points au fil de cette discussion. Et j’aimerais vous demander : est-ce que vos pensées, votre perception du phénomène UAP ont évolué et changé au cours des 13 mois où vous étiez directeur par intérim ?

Tim Phillips : Eh bien, ce n’était que 10 mois comme directeur par intérim.

Martin Willis  : Ah, je vois. Pardon, je voulais dire 10 mois.

Tim Phillips : En réalité, je suis arrivé en octobre, et j’ai quitté ce poste il y a environ deux mois.

Oui. Au fur et à mesure que nous avons pu construire de meilleurs capteurs et intégrer ces données, et développer des outils analytiques pour nous aider à comprendre le phénomène, nous avons rapidement réalisé qu’il y avait des choses dont nous pouvions confirmer l’existence, que nous pouvions suivre, dont nous pouvions mesurer les performances… mais que nous ne comprenions pas.

Pour moi, c’était une menace directe pour la sécurité. Le fait est que nous plaçons généralement des capteurs autour des infrastructures critiques que nous voulons protéger. Et quand quelque chose pénètre dans un espace aérien restreint — et la majorité des cas se situent dans le domaine aérien — eh bien, ça ne devrait pas être là. Et le fait que nous ne sachions pas ce que c’est, ni quel est son objectif est extrêmement préoccupant.

Nous avons rapidement compris qu’il existait un petit nombre de cas pour lesquels les données préservées et enregistrées sur l’incident ne correspondaient ni à un système ennemi connu, ni à un système « bleu » (ami), en termes de performance. Nous ne savions pas ce que c’était, et cela nous préoccupait énormément.

Nous ne l’avons pas rendu public à l’époque. Je crois que c’était au début de cette année que John (le nouveau directeur) a comparu devant le Congrès et a publiquement reconnu qu’il existait un petit nombre de cas pour lesquels nous ne savons pas ce que c’est. Et c’est un problème pour nous.

Quand on observe la prolifération des systèmes autonomes, avec leur létalité et leur capacité, c’est quelque chose qu’un pays comme le nôtre ne peut pas se permettre d’ignorer. Et si l’on regarde la situation militaire actuelle — ce qui se passe entre l’Ukraine et la Russie, ou ce que les Israéliens ont montré face aux Iraniens — il y a des machines très capables qui peuvent nous nuire. Lorsqu’on détecte des choses dans notre espace aérien, autour de nos infrastructures critiques et de nos sites de sécurité nationale, pour moi, c’est alarmant.

AARO a fini par en parler publiquement. Il y a un certain nombre de cas — je ne peux pas vous donner le nombre exact — mais c’est moins de 2000. Il existe un biais réel concernant les cas de PAN que AARO traite. Et je l’ai déjà dit : dans les différentes écoles militaires que j’ai fréquentées, je me souviens d’avoir lu une citation d’un Allemand décédé qui disait : « Qui veut tout défendre, ne défend rien. »

Nous sommes un grand pays. Mais nous investissons beaucoup dans la protection de nos forces, dans des capteurs et des capacités cinétiques pour protéger nos joyaux nationaux. Nous faisons cela. Et il y a des choses que nous avons détectées et qui ne devraient pas être là. Et pour moi, ça, c’était nouveau. Je pensais que tout pouvait s’expliquer. Et ce que nous avons découvert, à mesure que nos capteurs, notre traitement et notre compréhension s’amélioraient, c’est qu’il y a en fait énormément de « déchets aériens ». Il y a plein de chosesdes débrisqui ont toujours été là, mais que nous n’avions jamais pu détecter faute de précision suffisante.

Il y a aussi beaucoup plus de capacités de surveillance aérienne (ISR) qu’avant. L’une des choses qu’AARO a réussi à faire, c’est d’intégrer et d’exploiter toutes les données issues des capteurs disponiblesles nôtres et ceux de nos alliés. Donc, comme vous pouvez l’imaginer, nous scrutons les cieux. Nous avons des trésors nationaux. Je considère nos moyens techniques nationaux comme quelque chose que nous voulons protéger dans l’espace. L’espace est vital pour notre manière de faire la guerre. Vous voulez protéger votre centre de gravité. En tant que Marine, vous voulez toujours contrôler le terrain clé. L’espace est un terrain clé. Et vous voulez pouvoir observer et détecter les menaces, afin de pouvoir y répondre.

Comme vous pouvez l’imaginer, nous surveillons donc l’espace de très près. Et ici, au niveau national comme à l’international, nous avons énormément de capacités de surveillance aérienne. Nous avons le contrôle terminal des aéronefs. Nous cherchons les menaces aériennes. Et il en va de même dans le domaine maritime. Il y a d’énormes investissements, notamment dans de nouveaux radars météo numériques de prochaine génération que nous pouvons exploiter.

Il y a les caméras de porte, les vidéosurveillance, toutes sortes de capacités d’imagerie. Ce que nous avons pu faire avec AARO, c’est exploiter les autorités que nous confèrent le Titre 10 (forces armées) et le Titre 50 (services de renseignement) pour recueillir toutes ces données issues de capteurs disponibles, ainsi que les systèmes que nous avons développés et déployés, actifs comme passifs, pour essayer — lorsqu’un incident UAP se produit — d’utiliser toutes les données disponibles afin de reconstruire une trajectoire.

Cela nous permet d’analyser le comportement : comment est-il entré, où est-il allé, que visait-il ?

Et AARO a pu faire cela. AARO disposait de l’autorité hiérarchique nécessaire. Le directeur de l’AARO rend directement compte au secrétaire adjoint à la Défense. Et dans une deuxième chaîne hiérarchique, nous reportons au directeur adjoint principal du renseignement national. Donc nous remontons à la fois par les canaux du renseignement et ceux du Département de la Défense. Et nous avions cette position — l’AARO est un bureau du Secrétariat à la Défense. C’est là qu’il se situe.

Sur le plan administratif, nous étions soutenus par le sous-secrétaire à l’Intelligence et à la Sécurité. Cela a été voulu dès le départ, et c’est la sagesse du Congrès qui l’a inscrit dans la loi d’autorisation de la défense nationale (NDAA) de 2022, qui a officiellement créé AARO. Ils nous ont donné les outils, le budget et — plus important encore — l’accès.

En plus de 40 ans de détention d’une habilitation de sécurité, je n’ai jamais eu un tel accès à des informations sensibles, contrôlées, et à des renseignements classifiés, comme je l’ai eu en travaillant pour AARO.

Je peux vous dire avec confiance que nous avons bénéficié de la coopération de l’industrie, de tous les départements du gouvernement américain et de la communauté du renseignement lorsque nous enquêtions sur une affaire de PAN. Personne ne nous a dit non.

Par exemple, lors de l’élaboration de notre rapport historique, nous voulions inclure une image destinée à montrer aux plus hauts responsables du Congrès que certaines choses vues par le public — développées dans nos laboratoires — pouvaient être interprétées à tort comme d’origine extraterrestre. Il s’agissait d’une image d’un appareil qui correspondait parfaitement au récit des écrivains ufologiques des années 50, 60 et 70. Absolument stupéfiant.

Cette image nous a été signalée par le biais d’un signalement protégé. Quelqu’un a utilisé le mécanisme sécurisé de signalement d’AARO en déclarant : « J’ai vu, sur un site de sécurité nationale, une tentative de rétro-ingénierie de technologie extraterrestre ». Nous avons alors été informés de l’affaire, et avons reçu une réunion préparatoire. Et nous avons pensé que c’était un excellent exemple à montrer — à AARO, aux membres influents du Congrès, ainsi qu’aux commissions spéciales d’accès restreint — pour illustrer comment une personne raisonnable et instruite peut observer quelque chose d’incompréhensible et en tirer à tort la conclusion qu’il s’agit de technologie alien.

En réalité, ces objets avaient été conçus, ingénierés et fabriqués par des Américains et leurs alliés. À un moment donné, l’une des agences à trois lettres a hésité à partager cette image, considérée comme un joyau technologique. Mais lorsque le Secrétaire adjoint à la Défense m’a demandé — alors que j’étais directeur par intérim — si j’avais besoin d’aide, j’ai mentionné que je rencontrais des difficultés à obtenir cette image d’une agence. Et en temps réel, il s’est tourné vers son aide militaire, a demandé d’avoir ce directeur au téléphone, et il lui a ordonné de me fournir ce dont j’avais besoin.

La volonté de coopération à tous les niveaux — du Congrès, du DoD, et de la communauté du renseignement — pour nous donner accès aux informations afin de comprendre la vérité, était remarquable. Chaque fois que je rencontrais le directeur ou le directeur adjoint du renseignement national, on me posait la question : « Tim, est-ce que tu obtiens le soutien dont tu as besoin ? Que pouvons-nous faire pour toi ? »

Il y a eu un réel effort — de la part d’élus et de responsables nommés — pour essayer d’obtenir une meilleure compréhension de ce que sont les UAP. Et c’est pour cela que j’ai trouvé brillant que le Congrès inscrive AARO dans la loi. Ils nous ont donné les ressources nécessaires pour effectuer notre travail.

Bien sûr, il y a eu beaucoup de critiques. En particulier, Shawn (Kirkpatrick) a cristallisé la critique, car lorsque nous avons publié notre rapport historique, nous n’avons pas confirmé les croyances d’un grand nombre de passionnés d’UAP. Mais ce n’était pas notre rôle. Notre rôle était de publier nos conclusions — basées sur les preuves que nous avions pu collecter. Et il est très difficile de prouver une négation.

Mais il y a eu une tentative ouverte et transparente, de la part du gouvernement, de faire toute la lumière sur cette affaire de PAN, qui dure depuis 70 ans. Le pays a toujours eu du mal avec ce sujet. Il y a eu diverses tentatives limitées pour le comprendre. Mais la création d’un bureau rendant compte à des ministres, ayant accès aux informations les plus sensibles, capable de mener des enquêtes indépendantes, et collaborant avec les universités, les laboratoires de recherche de la défense, les centres d’analyse du renseignement — c’était sans précédent.

Jamais le pays n’avait tenté une telle chose : investir dans une équipe habilitée pour s’attaquer à la question des PAN et comprendre le phénomène.

Et l’une des choses qui m’embarrassait un peu, c’est que nous dépensions tout cet argent, nous consommions autant de temps… et nous ne trouvions pas d’extraterrestres. En revanche, nous avons découvert certaines choses que nous avons pu évaluer comme étant de nouvelles capacités technologiques de nos adversaires. Nous avons aussi identifié des limitations dans certains de nos systèmes d’armes avancés, parfois dues à des problèmes de configuration ou de formation des pilotes, ou à des défauts techniques non résolus qui faussaient l’interprétation des données des capteurs.

Et certaines choses, nous les avons signalées dans nos rapports aux instances de surveillance — AARO rendait compte à douze commissions du Congrès. Par exemple, dans nos premières conclusions, nous avons rapporté un cas d’aéronef furtif non identifié à haute performance, que nous ne pouvions pas attribuer à une capacité connue, opérant dans l’espace aérien américain. C’était notre première évaluation, fondée sur les données préliminaires et les rapports de pilotes très bien entraînés.

Plus tard, en approfondissant, nous avons compris que ce n’était pas ce que nous pensions. Et c’est là que ça devient intéressant : nous avons réuni ingénieurs et aviateurs pour qu’ils travaillent ensemble. Nous ne sommes jamais arrivés à un consensus total — était-ce un problème de formation, de configuration du capteur par les pilotes, ou un bug de l’appareil dans la façon de traiter l’information ? — mais ce n’était pas un avion furtif avancé. C’était en fait un avion FedEx en approche de l’aéroport de Sky Harbor, à près de 60 miles de là.

Martin Willis : Concernant l’affaire du Nimitz et des bandes, que savons-nous ? Sean a répondu rien. Que le public avait déjà toutes les informations sur cette affaire. Il a dit qu’il suffisait d’aller regarder sur YouTube.

Mais de nombreux témoins de la marine à la retraite ont déclaré que les data bricks du Hawkeye E2 — les disques de données — avaient été retirés, dans le cas du Nimitz. Quelqu’un est arrivé en hélicoptère ce soir-là et a récupéré les data bricks. Eh bien, c’est une information à laquelle vous auriez dû avoir accès, si vous enquêtiez réellement sur l’affaire — au lieu de simplement dire qu’il n’y avait rien à voir.

Tim Phillips : Je commencerai par dire qu’on ne saura probablement jamais. La directive du Département de la Défense — demandant aux forces opérationnelles de signaler les incidents UAP et de préserver les données — n’était pas encore en place à l’époque. Ce travail qu’AARO a pu mener pour justement fournir des directives au département — et qui a été dupliqué ensuite par la communauté du renseignement — n’existait pas encore.

C’était donc un peu frustrant pour AARO de devoir remonter à un incident survenu il y a plus de 20 ans.

Beaucoup d’efforts ont été déployés pour enquêter — d’abord par l’état-major du CNO (Chief of Naval Operations), puis par AARO en collaboration avec eux. Nous commencions à obtenir de nouvelles informations. Et j’ai mentionné dans une autre émission que notre directeur technologique s’est retrouvé à un cocktail à Old Town Alexandria, où il a rencontré un ancien directeur de la DARPA. Ils ont parlé du cas Nimitz, et ce dernier a mentionné que, pendant la préparation de déploiement du Nimitz Carrier Battle Group, ils étaient là pour soutenir un système ISR portatif, encore classifié, en phase de test.

La majorité des gens présents pour cet exercice n’étaient pas au courant de ce programme obscur. Il y a eu une mission vers l’USS Princeton où des scientifiques de la DARPA — vêtus de noir — ont atterri, sont entrés dans la cabine du capitaine, et ont récupéré des matériaux ou des données liés au système ISR qui était testé, utilisé et évalué dans le cadre de cette préparation au déploiement du Nimitz.

Donc, l’histoire selon laquelle quelqu’un serait venu récupérer des données est vraie.

Je ne me rappelle pas d’informations provenant du Hawkeye. Mais je sais qu’il y avait des données venant du Princeton et du système ISR — je crois qu’il s’appelait le WASPque la DARPA a bel et bien récupérées. Et cela a été confirmé.

L’état-major de la 3e flotte était présent pour cet exercice et a remarqué que des choses inhabituelles se produisaient. Le fait qu’ils aient dû interrompre l’entraînement et lancer un avion en sortie pour aller examiner quelque chose d’inexpliqué qui apparaissait sur les radars du SPY-1B à bord du Princeton, c’était déjà révélateur. Ils ont compris à ce moment-là qu’il y avait des anomalies.

Le personnel de la 3e flotte a donc ordonné que ces données soient récupérées. Ces data bricks, avec les tracés radar, ont été ramenés au quartier général de la 3e flotte à San Diego, puis transportés jusqu’en Virginie, où les laboratoires ont pu les exploiter.

Il y a eu deux tentatives de recherche physique de ces données — par nous, et par l’état-major du CNO. Mais nous ne les avons jamais retrouvées.

Autre point frustrant : lorsque nous recevions les récits des témoins, nous voulions retourner dans les journaux de bord — par exemple : « À telle heure, j’ai lancé tel avion… » — pour consulter les faits opérationnels. Mais quand nous avons cherché ces journaux de vol dans les archives, ils étaient introuvables. Très, très frustrant.

Nous avons évalué que les F-18 en altitude ne pouvaient probablement pas détecter ce système ISR de la DARPA à cause du brouillage du radar au niveau des vagues. Cependant, le Princeton, avec son radar SPY-1B, aurait probablement pu le détecter. Mais nous ne savons pas, car nous n’avons pas les données.

Il y a eu beaucoup de temps, beaucoup d’efforts, des entretiens, une exploration des archives, pour essayer de comprendre ce qui s’était passé. Mais nous ne le saurons jamais.

Le public a découvert cet incident car certaines images ont été divulguées. Une grande partie de ce que nous avons pu évaluer, c’est ce que le public avait — ce qui circulait sur Internet. Mais nous n’avions ni les métadonnées ni les données brutes issues des capteurs pour faire une analyse scientifique du phénomène.

Le fait que cette défaillance ait eu lieu à ce moment-là a, je pense, contribué aux inquiétudes du Congrès — d’autant plus que des personnes crédibles ont témoigné devant lui à propos des choses extraordinaires qu’ils ont vues pendant qu’ils remplissaient leurs fonctions de pilotes navals.

Nous croyons qu’ils ont vu quelque chose.

Mais nous ne pouvons pas, avec des données scientifiques, comprendre ce qui a été observé, car les données ont été perdues. Elles n’existent tout simplement pas.

Quant aux cas qu’AARO a traités : il s’agissait de cas historiques, comme celui-ci, mais la majorité du temps d’AARO a été consacré à des incidents UAP récents, survenus dans des lieux très sensibles. Car une partie de la mission d’AARO est d’empêcher toute surprise technologique opérationnelle.

Et il y a eu beaucoup de choses qu’AARO a traitées dans le cadre de la production de renseignement sérialisé. Cela n’avait rien à voir avec les extraterrestres, mais ces cas avaient été signalés comme incidents UAP.

En rassemblant plus de données, en travaillant avec les laboratoires nationaux, les centres d’analyse du renseignement et les services militaires, nous avons pu acquérir une meilleure compréhension des capacités de nos adversaires, et du développement de nouveaux systèmes qui étaient déjà opérationnels.

Ce type de renseignements faisait partie de notre production sérialisée. Et nous ne pourrons jamais le partager avec le public, car nous ne voulons pas compromettre nos sources et méthodes. Nous ne voulons pas non plus révéler à nos ennemis ce que nous savons de leurs capacités. Il y a là des enjeux de sécurité nationale.

Jon Kosloski — le directeur actuel d’AARO — a d’ailleurs reconnu cela, je crois que c’était en janvier de cette année, lorsqu’il a témoigné au Capitole, à huis clos (en SCIF) puis en séance publique.

Il a dit clairement au Congrès :

« Il existe des cas que nous ne comprenons pas. Il y a des témoins crédibles qui ont signalé l’incident. Nous avons des données confirmant qu’il y avait bien quelque chose. Dans certains cas, nous pouvons mesurer les performances de cet objet… »

https://www.uap-blog.com/audition-uap-avec-le-dr-jon-t-kosloski/

Nous n’avions jamais fait cela auparavant. Mais ce n’est qu’un petit sous-ensemble des milliers de cas qu’AARO traite.

Le gouvernement des États-Unis n’a pas le monopole de la compréhension de ce phénomène.

Je pense qu’il y a une ouverture croissante au sein d’AARO et du gouvernement pour collaborer avec des experts extérieurs — en dehors des groupes d’intérêts spéciaux — qui ont consacré beaucoup de temps à l’étude du phénomène. Et je pense que ce serait une erreur que le gouvernement ne tire pas parti de cette expertise.

Nous essayons justement de le faire. Je sais que nous voulions suivre certaines des recommandations de la NASA, comme organiser des défis scientifiques en partageant des données non sensibles issues de cas non résolus, et inviter ceux qui sont prêts à s’investir — à consacrer temps et ressources — pour aider à comprendre ce que c’est.

Il y a quelque chose là-haut que nous ne comprenons pas. Et le gouvernement est prêt à l’admettre.

Et moi, je veux savoir — en tant que professionnel du renseignement et ancien Marine.

Nous ne pouvons pas nous permettre qu’un objet non identifié opère dans nos eaux, notre espace aérien, ou autour de nos infrastructures critiques et de nos forces opérationnelles.

Le monde est trop dangereux aujourd’hui, surtout avec la montée de ces machines intelligentes capables de causer des ravages à notre population ou nos infrastructures.

Nous devons comprendre cela.

Martin Willis : Oui. Eh bien, merci pour ces éclaircissements sur l’affaire Nimitz, car j’étais un peu contrarié. Je pensais qu’AARO n’avait pas vraiment enquêté dessus. Donc j’apprécie que vous l’ayez fait.

Tim Phillips : AARO l’a fait, mais AARO était frustré.

C’était une comédie d’erreurs. Si vous vouliez construire un récit selon lequel une cabale de personnes violait la loi et empêchait une divulgation complète au Congrès pour cacher la vérité… eh bien, tout ce qui s’est passé dans cette affaire pourrait servir à illustrer cela.

Je ne dirais pas que c’était de l’incompétence, mais plutôt une bureaucratie qui n’a pas compris la portée de ce qui s’est passé pendant cette phase de préparation au déploiement.

Le gouvernement n’a pas bien géré la situation. Nous l’admettons.

AARO existe en partie à cause de cela. Et si un incident similaire se produisait aujourd’hui, le résultat serait totalement différent.

L’un de nos grands objectifs a été de faire passer un message au personnel fédéral :

« Vous ne perdrez pas votre emploi, ni votre habilitation de sécurité, ni ne serez envoyé chez un psy parce que vous avez vu quelque chose que vous ne compreniez pas. Si vous le signalez comme un incident UAP, vous avez bien fait. »

Nous voulions faire tomber ce stigmate.

Et je pense que nous avons fait beaucoup de progrès. Il existe désormais des directives pour expliquer comment signaler ces choses.

Il existe un mécanisme sécurisé où les gens peuvent faire un signalement direct à AARO, rapporter leurs observations de première main. Nous protégerons leur identité. Nous recueillerons leur témoignage, et il pourra servir de base à une enquête.

AARO est sur le point de mettre en place un mécanisme de signalement public.

Et il y a un biais très clair : si vous regardez une carte thermique des incidents UAP, elle reflète exactement où le DoD et la communauté du renseignement opèrent. Parce que ce sont ces endroits que nous protégeons.

Quel est le référentiel de base dans les endroits qui ne sont pas jugés comme vitaux ou sensibles du point de vue de la sécurité ? Quel est ce « baseline » ?

C’est justement l’un des axes de travail d’AARO — en collaboration avec les commandements de combat — ainsi qu’avec le Département de l’Énergie, afin de déployer sur le terrain certaines de nos suites de capteurs Gremlin, pour effectuer une surveillance à long terme et collecter des données.

L’idée est d’établir un référentiel de base et de comprendre le pattern of lifeles schémas de comportement habituels.

Martin Willis  : Y aura-t-il de la transparence à ce sujet ?

Tim : Oui. Une de nos priorités était que ces collectes se fassent à un niveau non classifié.

Mais bien sûr, quand on commence à agréger différentes sources d’information, cette agrégation peut parfois révéler des informations sensibles. Donc cela, nous le protégeons à un niveau de classification supérieur.

Mais en soi, les capteurs d’AARO, nos radars actifs, nos capteurs hyperspectraux — tout cela était non classifié.

Mais est-ce que nous avons utilisé des moyens classifiés du gouvernement pour compléter cette collecte ?

Oui, absolument, nous l’avons fait.

Martin Willis  : Tout cela est fascinant, merci beaucoup pour toutes ces informations.

Je voudrais maintenant vous soumettre quelques remarques.

Cela concerne des cas non militaires. J’ai toujours trouvé étrange que l’Armée de l’Air soit si peu active dans ce domaine. La Marine, oui, mais l’Air Force semble presque silencieuse sur tout le sujet. Mais bref… je digresse.

Je voulais vous raconter un cas personnel, parce qu’il s’agit de quelqu’un en qui j’ai une totale confiance. Je la connais depuis plus de 30 ans. C’est une amie qui travaille dans une galerie de ventes aux enchères. Je suis dans le milieu des antiquités depuis toujours.

Un jour, je suis passé la voir. Elle était en train de consulter mon site d’expertise en ligne et elle m’a dit :

« Oh mon dieu, tu fais un podcast sur les OVNIs ? Il faut absolument que je te raconte une histoire. »

Je lui ai dit : « D’accord, je t’écoute. »

Elle m’a raconté qu’en 1977 ou 1978, elle se trouvait à Ipswich, dans le Massachusetts, avec sa tante et sa mère. Elles circulaient sur des routes de campagne, puis elles sont arrivées à un champ. Et là, elles ont vu un immense triangle noir — selon elle, il faisait plusieurs centaines de pieds de large — avec une lumière au centre et une à chaque coin, qui dérivait lentement.

Elles se sont arrêtées. Elle est sortie de la voiture. Elle a dit que l’objet glissait dans l’air, sans aucun bruit, juste au-dessus de leur voiture. Sa tante lui criait :

« Remonte dans la voiture ! Remonte dans la voiture ! »

Mais elle l’a juste regardé. Puis, soudain, sans aucun bruit, comme une balle, l’objet est parti en un éclair.

Je trouve que c’est un cas incroyable. Je vous raconte cela parce que, si vous parlez des triangles noirs à la plupart des gens, ils répondront :

« Oh, c’est une technologie secrète de notre gouvernement. »

Mais avec tout ça en tête — l’absence de bang sonique, l’absence totale de bruit, voire, selon elle, une sensation de vide sonore, le mouvement silencieux puis la fuite ultra-rapide…

Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand vous entendez ce genre de témoignage ? Je sais que c’est anecdotique, mais je crois sincèrement cette femme. Elle n’a aucune raison d’inventer cela.

Tim Phillips : C’est très similaire à certains des incidents signalés à AARO sur des sites de sécurité nationale — signalés par le personnel de la force de protection.

Très similaire : un objet en forme de triangle, le silence, l’absence de surfaces de contrôle aéronautiques visibles… Très semblable.

Et ce sont justement certains des cas que nous ne comprenons pas encore, mais sur lesquels nous travaillons très activement.

Je peux aussi me rapporter à une expérience que j’ai eue moi-même, quand j’étais Marine dans les années 80 — pas dans les années 70, mais au début des années 80 — dans les montagnes de Chocolate près de Yuma, pendant un exercice. On a observé des F-117 avant qu’ils ne soient rendus publics. On a vu cet avion noir, cette forme étrange qu’on n’avait jamais vue.

Plus tard, en rencontrant nos homologues du ministère de la Défense au Royaume-Uni, ils m’ont montré un rapport sur lequel ils avaient travaillé — similaire à notre rapport historique — dans lequel ils attribuaient la grande majorité des cas d’OVNI des années 70 et 80 à l’observation par des civils de programmes furtifs américains en développement, opérant dans leur espace aérien.

L’aile volante, le triangle… c’est une forme qui présente naturellement certaines propriétés furtives. C’est une technologie que nous comprenons. J’ai vu, dans différents laboratoires, le développement de nos appareils furtifs.

Cependant, il y a des capacités détectées pour lesquelles nous ne pouvons pas établir de corrélation avec un système connu, qu’il soit ennemi ou ami. Et ça, on veut en savoir plus.

Cela s’inscrit pleinement dans la mission d’AARO : éviter les surprises technologiques ou opérationnelles.

Est-ce qu’un adversaire a mis en service une technologie de rupture qu’on ne comprend pas encore ?

Quand des objets sont détectés sur des sites de sécurité nationale et qu’on ne parvient pas à les identifier, c’est très inquiétant pour nous.

On consacre beaucoup d’efforts à les détecter en temps réel, établir leur trajectoire, émettre des alertes à ceux qui ont les moyens et la mission de les traiter.

Je ne peux pas en dire plus à ce sujet. Mais nous pensons que ces observations correspondent aux signalements faits par des personnels de sécurité bien entraînés à différents endroits.

Il semble y avoir un schéma cohérent et crédible. En tant qu’analyste du renseignement, je peux le comprendre.

Nous ne savons pas ce que c’est.

Mais votre gouvernement travaille très sérieusement pour le comprendre.

Martin Willis : Très bien, jouons l’avocat du diable. Disons que ce triangle noir, observé en 1978, était une technologie d’un adversaire.

Ne pensez-vous pas que nous le saurions aujourd’hui ? Qu’elle aurait été utilisée dans un conflit ?

Pour moi, la meilleure explication, c’est que c’est inexplicable.

Mais si quelqu’un possédait cette technologie dès 1978, on aurait vu des preuves depuis, non ?

Tim Phillips : Oui, dans notre culture, probablement, c’est très difficile de garder un secret dans notre pays.

Martin Willis  : Exactement. Et en parlant de cas anciens : en 1958, à Bentwaters — un lieu surtout connu pour l’incident de 1980 — il y avait des données radars officiels montrant un objet voyageant à 6 400 km/h (4 000 mph), puis effectuant une brusque manœuvre en angle.

Je comprends que les données anciennes sont souvent difficiles d’accès, mais lorsque vous avez étudié les cas historiques, vous avez bien dû en retrouver comme celui-là, non ?

Tim Phillips : Nous avons recherché toutes les données disponibles. Et dans plusieurs cas, par exemple, il y avait un test de missile Atlas à la base aérienne de Vandenberg. Il s’agissait d’un essai destiné à évaluer la capacité de nos véhicules de rentrée dans l’atmosphère à résister aux contre-mesures soviétiques.

Et ce test a été observé par des personnes non autorisées, et il y a eu des allégations selon lesquelles un OVNI aurait illuminé (ou « lazé ») le missile et l’aurait détruit.

Nous avons pu retrouver les films 35 mm et 70 mm, les numériser pour les analyser, obtenir le rapport d’essai, et maintenant nous comprenons ce qui s’est réellement passé.

Ce genre d’incidents — déclassifiés — est à la base d’une grande partie de la mythologie OVNI. Ce sont des cas que nous pouvons clarifier.

Concernant les silos de missiles de Malmstrom, qui ont été mis hors service, on comprend aujourd’hui bien mieux ce qui s’est passé.

Le fait qu’une partie de notre dissuasion nucléaire ait été désactivée par une panne en cascade de transformateurs a été extrêmement préoccupant pour nos ingénieurs — car cela n’était pas censé pouvoir arriver.

Note de Toledo: On redevient sérieux selon nos propres critères de qualité là. Exit la machine EMP magique qui nous avait fait vomir dans un article précédent

L’US Air Force a déployé de grands efforts pour reproduire le phénomène, le comprendre, et concevoir une solution technique afin d’éviter que cela ne se reproduise.

Pendant ce temps, il y a eu de nombreux rapports d’observation d’OVNIs ou de vaisseaux extraterrestres par du personnel de sécurité.

Mais lorsque nous avons examiné les dossiers — ceux que nous avons pu retrouver — nous n’avons pas trouvé de preuves de cela.

Martin Willis : Mais est-ce que ce genre d’observation aurait été consigné à l’époque ?

Tim Phillips : Bien sûr. Si une équipe de sécurité signale quelque chose d’inhabituel, normalement cela apparaît dans un journal de mission — c’est la procédure standard dans les opérations militaires ou du Département de la Défense.

Martin Willis  : Vous avez donc étudié le cas de Robert Salas, je suppose ? Il a rapporté ce qu’il a vu.

Le Wall Street Journal a récemment évoqué des tests d’EMP (impulsion électromagnétique) comme explication, mais lui rejette complètement cette hypothèse. Il a avancé de nombreux arguments techniques pour dire que ce n’était pas possible.

Et il y avait dix ogives, toutes contrôlées indépendamment, qui se sont désactivées.

Comment un événement en cascade pourrait-il expliquer cela ? Quelle est votre conclusion sur ce point ?

Tim Phillips : D’après ce que nous avons vu dans les archives historiques, et les tentatives de l’US Air Force pour reconstituer les faits, les silos de missiles étaient connectés au réseau électrique public pour leur alimentation principale.

Ils étaient censés être protégés par des filtres et des dispositifs conçus pour encaisser toute surtension — une solution économique, car c’est moins coûteux pour l’État.

Bien sûr, ils disposent aussi de générateurs indépendants pour garantir leur autonomie en cas de besoin. Mais en fonctionnement normal, ces infrastructures sont connectées au réseau classique.

Il y a donc eu une perturbation électrique, d’après ce que je comprends, et certains de ces dispositifs techniques ont échoué. Cela a désactivé plusieurs silos — par conception.

Nos ingénieurs ont estimé que cela ne devait pas arriver. Et c’est pourtant arrivé.

L’US Air Force a fourni un effort considérable pour comprendre ce qui s’était passé, et pour éviter que cela ne se reproduise.

AARO a pu accéder à ces archives grâce à la coopération de l’Air Force, pour comprendre ce qui s’est produit il y a 50 ans. Et nous partagerons cela avec les citoyens américains — une fois que la nouvelle annexe du rapport historique aura passé toutes les étapes de coordination nécessaires pour être publiée.

Donc cela sera bien rendu public.

Mais je ne suis plus là pour superviser cela. Et cela prend généralement six mois ou plus, le temps que les documents soient transmis au Congrès, puis partagés avec le public — car il faut s’assurer qu’aucun programme sensible ou classifié ne soit compromis.

C’est un processus bureaucratique formel, qui sert à éviter les erreurs.

Martin Willis  : Selon le Wall Street Journal, AARO aurait découvert une explication terrestre, impliquant un générateur d’EMP.

Est-ce que vous confirmez cela ?

Tim Phillips : Je n’ai pas d’informations directes à ce sujet. Je ne suis pas au courant de cette histoire d’EMP.

Peut-être qu’AARO a effectivement découvert cela. Mais en tant que directeur adjoint, j’ai toujours voulu garantir l’indépendance de nos analystes et scientifiques. Ils menaient leurs enquêtes selon deux axes indépendants — pour formuler une évaluation de ce qui s’était passé.

Ensuite, ils me présentaient leurs conclusions.

Je ne voulais pas interférer, ni orienter leur travail, donc j’ai délibérément laissé les experts effectuer leur travail, et ensuite nous discutions de leurs conclusions.

En tant que directeur adjoint, mon rôle était de m’assurer que nous respections les normes analytiques, que la démarche scientifique était suivie, que les résultats étaient revus par les pairs, et qu’il n’y avait pas d’ingérence politique dans les conclusions.

Cette histoire d’EMP — soit elle a été étudiée après mon départ, soit c’était en cours pendant que j’étais encore à AARO, mais je n’en ai pas eu connaissance.

Il y avait des milliers de cas à traiter.

Souvent, dans ces affaires, AARO collaborait avec des laboratoires de recherche dans le monde entier. On leur transmettait des données, ils contribuaient à notre compréhension, et cela alimentait nos conclusions.

Et ensuite, nous publiions nos évaluations avec le degré de confiance approprié, conformément aux méthodes de production de renseignement.

Martin Willis  : Je pense que AARO a bien travaillé sur l’hypothèse d’EMP…

Tim Phillips : Je l’espère. Personnellement, j’ai suivi des cours sur la manière de protéger notre équipement de surveillance électronique contre la destruction par une impulsion électromagnétique issue d’une explosion nucléaire.

Donc j’espère qu’ils ont effectivement mené ce type de tests sur notre infrastructure nucléaire.

Mais je n’en ai aucune connaissance personnelle. Soit cela s’est produit après mon départ, soit cela a été tenu à l’écart de moi. Ou alors je n’ai tout simplement pas regardé dans le détail. J’ai laissé les équipes faire leur travail.

Martin Willis  : Je sais qu’il y avait des protections sur les câbles contre une impulsion électromagnétique. Mais bon…

Martin Willis : Donc, pour continuer, je dois vous demander : pendant vos 10 mois à AARO, y a-t-il une affaire vraiment marquante que vous pouvez évoquer ? Quelque chose qui vous a particulièrement frappé ?

Tim Phillips : Oui. Il y a eu des détections d’intrusions sur des sites de sécurité nationale, confirmées comme réelles.

J’étais présent pour l’enquête. J’ai interrogé des témoins, et certains témoignages m’ont profondément troublé, en tant que professionnel de la sécurité nationale.

L’audace de certains — ou peut-être d’un groupe — pensant pouvoir mener des activités de type ISR (surveillance, reconnaissance) sur un site aussi sensible, sans être repérés, m’a vraiment inquiété.

Ma dernière mission en tant qu’employé du gouvernement fut justement en soutien à une opération de contre-espionnage intérieure.

AARO a pu y contribuer, en fournissant des données de capteurs et des analyses pour appuyer la réponse opérationnelle.

[SONNERIE DE TELEPHONE]

Martin Willis  (plaisantant) : Je crois que Luis Elizondo essaie de vous appeler…

Tim : (Rires) Oui, peut-être. Mais je ne vais pas répondre. Désolé pour l’interruption — c’est le direct !

Martin Willis  : Intéressant. Je ne veux pas oublier de poser cette question : est-ce qu’AARO a aussi étudié les USO, les Unidentified Submerged Objects — autrement dit, les objets non identifiés dans l’eau ?

Tim : Oui. Nous sommes le bureau de résolution des anomalies dans tous les domaines — ce qui inclut l’espace, le domaine maritime et l’espace aérien.

Nous avons travaillé principalement avec le Bureau du Renseignement Naval, et certains de nos scientifiques ont été déployés pour analyser des signatures détectées dans le domaine maritime, à des endroits où elles n’auraient pas dû être présentes.

Martin Willis  : (Pause pour message radio) Je dois faire une brève pause pour saluer les auditeurs de KG Radio. « On se retrouve la semaine prochaine avec Ella Lebane, et ce vendredi à 18h (heure de l’Est), Nick Pope sera avec nous. »

Bon, reprenons :

Je m’intéresse particulièrement aux USO. J’ai un ami qui a vécu une rencontre étrange à bord d’un sous-marin de la Navy, où un objet se déplaçait à plusieurs centaines de nœuds. Fascinant.

Tim Phillips : Nous avons découvert que, dans le domaine maritime, l’accès à l’information est aussi cloisonné qu’il ne l’est dans le domaine spatial. Ce fut un travail difficile.

AARO n’a pas développé de nouveaux capteurs pour cela — nous avons exploité des données déjà collectées par des systèmes américains existants.

La principale préoccupation des équipes de sécurité maritime, c’est de détecter les sons produits par des objets en acier se déplaçant sous l’eau.

Mais il y avait d’autres signatures, d’autres détections, jugées non menaçantes, qui n’ont jamais été analysées. Nous ne savons pas ce que c’était.

Et je pense que c’est là que réside le rôle d’AARO.

C’est la même chose dans le domaine spatial.

AARO a pu définir ce qu’est une anomalie spatiale (UAE — Unidentified Anomalous Event), et en collaborant avec la Space Force et le SPACECOM, nous avons pu prendre des pistes non attribuées (unattributed tracks), des objets non corrélés, et les transmettre à AARO pour analyse.

Nos scientifiques pouvaient alors étudier ces objets, à des vitesses compatibles avec des scénarios opérationnels, afin de déterminer s’il s’agissait de phénomènes à comprendre — pour ensuite mettre à jour nos bases de données.

Il y a beaucoup de phénomènes non étudiés, car jugés non menaçants, que ce soit dans le domaine maritime ou spatial. Et pourtant, ils méritent qu’on s’y intéresse.

AARO a un rôle à jouer ici. Le Congrès nous finance, et nous avons la capacité de collaborer avec le monde académique, les services militaires, les laboratoires de renseignement, et de contracter des experts pour faire des analyses approfondies sur des données que, jusqu’ici, personne n’exploitait.

Je voudrais saluer le Department of Homeland Security et l’Air and Maritime Operations Center, qui disposent d’un excellent réseau de capteurs protégeant nos accès maritimes stratégiques.

Ils ont des capteurs, des caméras, des radars, des hydrophones — pour détecter tout ce qui s’approche de nos côtes. Nous avons une très bonne relation avec eux, et cela nous permet de partager les anomalies détectées par leurs systèmes, notre personnel, ou même par le public, afin de les faire remonter à AARO. Cela permet ensuite de développer des capteurs, et d’investir dans l’analyse pour comprendre ces cas.

Mais je vous le dis franchement : le domaine maritime est celui où nos capacités sont les moins développées.

Il existe pourtant des systèmes non habités extraordinaires qui opèrent dans ce domaine — vous avez peut-être vu le UUV Manta Ray (drone sous-marin), qui a été révélé publiquement. Ce sont des technologies impressionnantes.

Et j’ai lu quelque part qu’on en sait aujourd’hui moins sur nos océans que sur l’espace proche.

Donc oui, il y a encore beaucoup à découvrir.

Nous comprenons déjà un peu les choses — par exemple, il existe un genre de « parking à satellites tombés » dans le sud de l’océan Indien.

Nous savons à quoi ressemble l’acoustique d’un objet qui pénètre dans l’eau à grande vitesse, et surtout, nous connaissons parfaitement le son produit par un objet qui ressort de l’océan — par exemple un missile balistique.

Nous écoutons, et nous comprenons une grande partie de cela.

Mais il y a aussi des choses pour lesquelles nous n’avons pas de préoccupations sécuritaires, mais que nous ne comprenons pas.

Ce sont des domaines où il faudra investir.

Mais je vous le dis honnêtement : ce n’était pas la même priorité qu’un objet inconnu dans l’espace aérien, ou une menace en orbite.

Nous avons dû établir des priorités, car les ressources et le temps sont limités. Et nous avons concentré nos efforts là où il y avait le plus d’activité.

Martin Willis  : Mais pensez-vous qu’il faudrait allouer beaucoup plus de ressources à cette mission ?

Car s’il y a potentiellement une menace, on dépense déjà des sommes astronomiques en défense… et très peu pour AARO, à ma connaissance.

Tim Phillips : Je dirais qu’AARO a reçu un budget très solide pour accomplir la mission qui lui a été confiée.

Le Congrès a été très généreux envers AARO.

Nous avions presque une équipe GAO (Government Accountability Office) à plein temps.

Nous avions un système PAM (Project Activity Management) très complet et transparent, où nous partagions nos initiatives, nos moyens, nos contrats — bref, tout ce qu’AARO utilisait pour améliorer la compréhension du phénomène.

C’est, je pense, l’une des raisons du succès d’AARO.

Et cela nous a permis de justifier une demande de financements supplémentaires, pour pouvoir obtenir plus de résultats : plus de capteurs, plus d’analyses.

L’un des projets actuels d’AARO, c’est de revenir en arrière et d’exploiter les données déjà existantes, dans lesquelles le gouvernement a déjà investi.

Si l’on considère les décennies de données radar de surveillance aérienne archivées, les radars météo, les données de surveillance maritime, les systèmes de protection des actifs dans l’espace… il y a énormément de données disponibles.

Ce que AARO peut faire, c’est agréger tout cela.

Nous avons des partenaires avec une capacité de calcul, de stockage de données et de commandement-contrôle (C2) très robuste, ce qui nous permet d’agréger les données, d’y appliquer des algorithmes et des traitements automatisés pour tenter de détecter des anomalies UAP, que ce soit dans les archives ou en temps réel.

Par exemple, si un objet devait se désorbiter et entrer dans l’atmosphère, nous voulons être capables de le détecter, d’en suivre la trajectoire, et de transmettre ces données à un commandement de combat, pour qu’il puisse réagir.

À l’inverse, si la réponse relève des autorités locales, étatiques ou tribales – il faut savoir que la majorité des cas d’UAP ne se produit pas sur des installations militaires – Ils ont lieu sur des territoires étatiques, locaux ou tribaux.

Le Département de la Défense (DoD) et la communauté du renseignement jouent alors un rôle de soutien.

Ce sont les autorités locales qui sont en première ligne.

Cela dit, nous avons certaines expertises à apporter.

Par exemple, si un débris spatial devait atterrir et représenter une menace pour le public, le DoD — notamment sous l’autorité du US Northern Command — possède les compétences pour soutenir les autorités locales, protéger le public, assurer la sécurité, le commandement et la logistique, et comprendre de quoi il s’agit.

Notre hypothèse de départ, c’est que le matériau en question sera quelque chose de connu,
ou bien un système étranger que nous souhaitons exploiter.

Mais si, en analysant tout cela, on découvre qu’il n’y a aucune corrélation, qu’il n’existe rien de connu dans ce que nous retrouvons sur le site…alors AARO sera extrêmement intéressé,
et cela deviendra un effort interministériel pour comprendre ce que c’est.

Comme je l’ai déjà dit : il faudra travailler en équipe, en s’ouvrant au monde académique, aux scientifiques, aux experts civils.

Il y a des contractants civils très compétents, qui ont des outils précieux pour nous aider à comprendre.

C’est en mobilisant toutes les capacités du gouvernement — les secrétariats, les départements — qu’on pourra réussir.

Et c’est une des forces d’AARO : construire une communauté d’intérêt.

AARO, en interne, ne comptait que quatre postes civils permanents.

Tous les autres membres du personnel venaient par des affectations temporaires, des détachements ou des missions inter-agences.

Ils venaient du Département de la Justice, du Département de l’Énergie, de la NASA

Beaucoup de scientifiques, d’enquêteurs, venus de tout le gouvernement pour des missions de 2 ou 3 ans, ont été intégrés à l’équipe AARO.

Et AARO pouvait aussi contractualiser avec les laboratoires nationaux, élargissant ainsi son réseau.

Le système Gremlin — cette famille de capteurs actifs et passifs — a été développé en partenariat avec Georgia Tech, en s’appuyant sur leur expertise.

Ils sont allés chercher ce qui existait comme état de l’art, ce qui était rapidement disponible,
malgré les difficultés de chaîne d’approvisionnement dues à la pandémie.

Quels capteurs pouvait-on acquérir vite, interconnecter, traduire dans un format commun,
pour construire une vue opérationnelle globale, avec un système de commandement-contrôle permettant d’exploiter les détections en temps réel, et de les transmettre à nos analystes pour interprétation.

Et si ce n’était pas clair, on pouvait l’envoyer au MIT, au Air Force Research Lab, à Sandia, ou au laboratoire du Département de l’Énergie au Nouveau-Mexique pour leur demander :

« Qu’est-ce que c’est ? Pouvez-vous nous aider à comprendre ? »

AARO avait cette communauté d’intérêt, et pouvait travailler à tous les niveaux de classification, pour recevoir et exploiter les données.

Martin Willis : Vous avez mentionné le Département de l’Énergie…J’aimerais vous faire écouter un enregistrement.

Il s’agit de Jonathan Weygandt. Il était dans les Marines.

En 1992, il était déployé au Pérou, dans le cadre de l’opération Laser Strike, une mission trilatérale contre le trafic de drogue.

Il a vécu une rencontre étrange. C’est un extrait de cinq minutes. Il n’a donné que deux interviews depuis. Il est encore très traumatisé. Il m’a fallu plus d’un an pour qu’il accepte de parler.

Je ne pense pas qu’il invente — ça le rende vraiment malade d’en parler. Voici un résumé :

Jonathan Weygandt (témoignage enregistré) : On était là-bas. Un appareil avait été abattu, soi-disant. On a été déployés, et on est tombés sur cet engin écrasé. Je ne sais pas ce que c’était — honnêtement. J’ai dit à Dr. Greer que je ne savais pas, et je ne sais toujours pas.

L’engin s’était encastré dans une falaise.

Je pouvais voir l’arrière de l’engin. On aurait dit qu’il avait été touché par un missile sol-air.
Il y avait au moins deux créatures à bord.

Je ne sais pas si c’est à cause du crash ou de l’explosion, mais ça fuyait. Du liquide s’écoulait, probablement depuis le cockpit.

Ce liquide s’est répandu partout. Il m’a touché — sur ma tenue de combat. J’étais couvert.

Et ce qui était étrange, c’est que l’engin changeait de couleur.

Comme un arc-en-ciel chimique — un peu comme quand vous lavez votre voiture et que la mousse crée un effet irisé. Ça allait et venait.

Je ne me souviens pas si j’ai eu une sensation, une brûlure… mais j’ai perdu tous mes cheveux.

La peur ? Maximum. Absolue.

Je pense qu’une des créatures était en train de mourir — je voyais son bras sortir de l’habitacle.

Et j’avais l’impression qu’elles essayaient de projeter leurs pensées dans mon esprit.

Mais honnêtement… je ne sais pas.

Je préfère ne pas y repenser. J’en fais encore des cauchemars.

Après ça, d’autres personnes sont arrivées.

Je ne sais pas qui ils étaient, mais je pense que c’étaient des gens du Département de l’Énergie. Ils étaient privatisés, et ont pris le contrôle total de la situation, de manière plutôt agressive.

Je regrette profondément d’avoir vécu ça. Si je pouvais tout effacer, je le ferais.

Mais je suis encore en vie. C’est déjà ça.

Etc.

Martin Willis  : Donc voilà. C’est quelqu’un de sincère, complètement traumatisé.

Je voulais simplement avoir votre avis sur ce type de rencontre.

Il pense que c’étaient peut-être des agents du Département de l’Énergie. Qu’en pensez-vous ?

Tim Phillips : Je ne sais pas ce que Monsieur Weygandt a observé là-bas, dans la jungle. Mais je peux vous dire que le Département de l’Énergie fournit beaucoup d’expertise technique.

Lorsque je travaillais sur des opérations impliquant des armes nucléaires, dans des missions de type render safe (désactivation contrôlée), les experts que nous consultions venaient souvent du Département de l’Énergie.

Ils n’étaient pas toujours sur le terrain, mais ils étaient connectés en temps quasi réel, lorsque les opérateurs du SOCOM simulaient la désactivation d’un engin nucléaire.

On avait littéralement des conversations du type :

« Je coupe le fil rouge ou le fil bleu ? » — avec des experts en armes nucléaires du Département de l’Énergie.

Donc, oui, nous avons des gens formés à ce type de missions, qui s’entraînent régulièrement.

Et si un cas de récupération comme celui-ci s’est produit, en particulier avec une charge dangereuse potentielle ou une détection radioactive, je ne serais pas surpris qu’il y ait eu des experts du Département de l’Énergie, présents pour conseiller et soutenir la mission du DoD.

Et je suppose que c’était bien le DoD qui menait les opérations au sol.

Un incident comme celui-là, s’il s’est réellement produit, est une des raisons pour lesquelles AARO existe aujourd’hui.

S’il s’est produit en 1997, et que la même chose arrivait aujourd’hui, le personnel militaire serait tenu de le signaler, de conserver les preuves, et ce serait un cas traité par AARO.

Je ne sais pas ce qui s’est passé. Lui-même ne sait pas ce qu’il a vu.

Je ne vais pas spéculer.

C’était peut-être un crash d’un type d’appareil quelconque.

Mais je n’irai pas jusqu’à dire que c’était d’origine extraterrestre — il n’y a pas de preuve en ce sens.

Mais ce serait très intéressant de creuser dans les archives.

Quand quelqu’un est envoyé en mission à l’étranger, il y a une trace dans le système SABER.

Il existe un processus d’autorisation de voyage, et un système de clearance par pays.

Tout cela est coordonné. Il y a des preuves.

Et c’est ce que nous faisons en renseignement : tracer les réseaux, pour les comprendre.

Les mêmes outils que nous utilisons dans d’autres domaines peuvent aussi servir à comprendre ces cas d’UAP.

Concernant l’incident de 1997, je ne sais pas s’il nous a déjà contactés.

Je ne me souviens pas de lui.

Martin Willis : Non.

C’est quelqu’un de plutôt anti-gouvernement, et il ne voulait rien avoir à faire avec quoi que ce soit.

Quand je lui ai parlé d’AARO, il m’a simplement dit qu’il voulait qu’on le laisse tranquille, qu’il voulait juste retourner à sa vie.

Je dois aussi dire que cette information a été transmise à David Grusch – peu importe ce qu’on pense de lui – et lui aurait vérifié via des contacts qu’il avait — il a confirmé que l’incident était enregistré.

Mais même là, quand je l’ai dit à Jonathan, il a juste répondu : « Qui est David Grusch ? Je n’en ai rien à faire. Laissez-moi tranquille. »

Il est vraiment traumatisé.

Tim Phillips: Et c’est fréquent.

En général, je laissais ce travail à nos débriefers stratégiques, nos agents des forces de l’ordre ou à nos agents de renseignement, ceux qui faisaient les entretiens avec les témoins, ou qui traitaient les personnes référées à AARO par le Congrès.

Il y avait une peur réelle chez de nombreux témoins à l’idée de venir témoigner auprès d’AARO.

Je me souviens d’un cas où nous n’avons jamais pu interviewer la personne.

Elle nous avait été recommandée par le Congrès, mais elle était trop paranoïaque quant à sa sécurité physique.

Au début, j’avais prévu de l’amener sur une base de l’US Air Force pour utiliser nos installations.

Mais il a catégoriquement refusé d’entrer sur une base militaire.

Ensuite, j’ai proposé qu’on se retrouve dans un bâtiment fédéral, dans un bureau local du FBI, pour utiliser leur salle sécurisée (SCIF).

Et là encore, il m’a fait tout un sermon.

Finalement, j’ai même suggéré : « Pourquoi pas un casino public ? Il y a des caméras, de la sécurité. »

Et là, j’ai appris qu’un certain nombre de personnes avaient été kidnappées ou assassinées dans des lieux publics comme les casinos.

Donc oui, il y a une vraie peur chez ces gens, une croyance selon laquelle, s’ils parlaient, un organisme gouvernemental voudrait les punir, ou les éliminer.

Nous avons aussi eu des gens qui affirmaient avoir signé des accords de non-divulgation (NDA) stipulant que s’ils révélaient ce qu’ils savaient, ils pourraient être condamnés à mort.

Mais personne ne nous a jamais présenté un tel document.

Martin Willis : Vous êtes en mesure de vérifier ce genre de documents ?

Tim Phillips: Oui, absolument.

Et il faut savoir qu’avant la standardisation des NDAs, il y avait beaucoup de créativité locale.

Certains inventaient leurs propres versions.

Et selon le Titre 18 du code des États-Unis, dans le cadre de la loi sur l’espionnage, la peine de mort est possible si quelqu’un est reconnu coupable d’espionnage.

Donc les peurs de ces témoins sont légitimes.

Je ne remettrai jamais en cause les craintes de quelqu’un pour sa sécurité ou sa vie.

Il y a aussi des témoins qui ne veulent pas témoigner par peur d’être attaqués par la communauté ufologique.

Martin Willis : Comment ça ?

Tim Phillips: Ils craignent d’être insultés, démolis, accusés de vouloir cacher la vérité, ou bien d’être des traîtres.

Et je l’ai vu de mes propres yeux.

Moi je ne suis pas sur les réseaux sociaux, dans notre métier on évite.

Mais mes enfants le sont, et ils me rapportaient toutes les horribles choses qu’on disait sur moi en ligne.

Des propos haineux, irrespectueux, des gens qui remettaient en question mon courage, ma loyauté, ou qui disaient que j’étais incompétent.

Nous avions aussi des scientifiques brillants qui ont fait un travail remarquable — mais qui refusaient d’être publiés dans des journaux académiques, à cause des attaques qu’ils recevaient.

Et Sean (probablement Sean Kirkpatrick, l’ancien directeur d’AARO) a vu des gens venir chez lui sans y être invités.

Martin Willis : J’ai entendu ça, c’est fou.

Tim Phillips: Oui, il y a eu des menaces.

Des commentaires haineux sur les réseaux sociaux.

C’était à tel point que le Pentagone a dû activer des protections.

Nous avons caché l’identité de nos employés.

Les deux seuls noms rendus publics étaient ceux du directeur et du directeur adjoint — moi-même.

À cause de l’hostilité et des attaques de certains membres de la communauté UAP/UFO.

Et pourtant, ces agents effectuaient simplement leur travail, aussi honnêtement que possible, avec les moyens qu’on leur avait donnés.

Mais ces comportements font reculer tout le monde.

Martin Willis  : Il y a toujours un fragment de la population qui agit de manière extrême, et qui donne mauvaise réputation à tout le reste.

C’est pareil dans tous les secteurs de la société.

Quand un groupe radicalisé fait quelque chose d’odieux, les observateurs extérieurs finissent par dire : « Ce sont tous des fous, pourquoi croire quoi que ce soit de ce qu’ils disent ? »

Oui. C’est vraiment frustrant.

Et ça n’aide personne.

Je ne veux pas rentrer dans la politique, mais c’est clair : ça dessert tout le monde, et ça donne à certains l’excuse parfaite pour dire :

« Voilà, ces gens-là sont dingues, on ne peut rien prendre au sérieux. »

Bon, changeons un peu de sujet.

Quel rôle a joué le Congrès dans les activités d’AARO ?

Est-ce qu’ils ont aidé, ou est-ce qu’ils ont mis des bâtons dans les roues ?

Tim Phillips: Sans le Congrès, AARO n’existerait pas.

Il y a eu des membres du Congrès alarmés par les révélations publiques et les témoignages sous serment de gens affirmant avoir vu des choses extraordinaires.

AARO a été créé pour comprendre ce phénomène.

Nous avons reçu un soutien fort du Congrès.

Nous devions rendre compte à 12 comités de supervision différents.

Est-ce que c’était confortable pour certaines agences de nous voir fouiller dans leurs archives, interviewer leur personnel ?

Non. Pas du tout.

Mais nous avions la légitimité, et l’autorité pour le faire.

Chaque fois que je rencontrais, soit en tant que directeur par intérim ou adjoint, des membres de la supervision du Congrès ou des responsables confirmés par le Sénat, il y avait une vraie volonté d’intercéder pour nous, pour nous aider à accomplir notre mission.

Il y avait un effort sincère pour lever les obstacles à nos enquêtes, et pour arriver à la vérité.

Je sais que certains théoriciens du complot disent qu’on mène une campagne de désinformation, ou que je travaille pour la CIA pour cacher la vérité sur les extraterrestres.

Ce n’est pas vrai.

Ça, c’est le scénario d’un roman ou d’un film.

Nous étions des fonctionnaires civils, avec une mission bien définie, et nous avons fait de notre mieux, en nous basant sur les preuves disponibles et ce que nous avons pu retrouver dans les archives que nous pouvions analyser pour essayer de comprendre les UAP.

Martin Willis  Willis: Je peux dire que chaque fois qu’il y a un sentiment de manque de transparence, c’est là que les théories du complot commencent.

Il y a eu un moment où les gens se disaient :

« Pourquoi ne nous partagent-ils rien ? »

Mais je dois dire que j’ai entendu plusieurs personnes dire que le site web d’AARO est vraiment bien.

Je ne l’ai pas consulté récemment, mais je crois qu’il va y avoir des améliorations.

Plus une organisation est transparente, moins les gens peuvent inventer des conspirations.

Je voulais aussi vous demander quel genre de collaboration inter-agence existe.

Mais surtout : AARO travaille-t-elle avec nos alliés étrangers ?

Tim Phillips: Oui, bien sûr.

Ils ont des données, ils rapportent des incidents, tout comme nous.

Et comme vous pouvez l’imaginer, ce sont surtout nos alliés de la communauté OTAN ou des Five Eyes avec qui la coopération est la plus étroite.

J’ai d’ailleurs pris la parole dans des conférences internationales.

Je suis aussi allé au Japon pour travailler avec leur ministère de la Défense.

Donc oui, nous collaborons avec des gouvernements étrangers pour améliorer notre compréhension du phénomène UAP.

Martin Willis  Willis: L’une des choses que je répète tout le temps dans cette émission — et je veux votre avis là-dessus, car je parle à quelqu’un qui a été sur le terrain — c’est que…

Selon moi, la raison pour laquelle il n’y aura pas de divulgation complète sur ce sujet dans un avenir proche, c’est que notre propre gouvernement ne sait pas.

Beaucoup prétendent que le gouvernement sait tout sur ce que sont les UAP.
Moi je pense qu’il ne sait pas.

Tim Phillips: Eh bien, le gouvernement a reconnu officiellement qu’il y avait des incidents UAP qu’il ne comprend pas.

Martin Willis  : Oui, mais j’ai aussi toujours eu le sentiment que le gouvernement en sait plus que nous.

Mais est-ce que vous diriez que, pour des raisons de sécurité nationale, vous savez des choses que vous ne pouvez pas divulguer ?

Est-ce que ça existe ?

Tim Phillips: Oui, nous savons plus.

Mais comme je l’ai dit, nous n’avons pas découvert de preuve d’une technologie ou d’êtres extraterrestres.

En revanche, il y a de vraies préoccupations en matière de sécurité nationale que nous rapportons au Congrès, et qui deviennent des produits de renseignement classifiés.

En enquêtant sur des cas UAP, il nous est arrivé de tomber sur autre chose : des capacités adverses qu’on ignorait.

Et quand on creuse, on découvre des choses qui n’ont rien à voir avec les UAP, mais qui relèvent bien de la sécurité nationale.

Nous avons alors le devoir de protéger ces découvertes selon les procédures de sécurité.

Et nous ne les partagerons pas avec le public américain.

Peut-être que dans 70 ans, ce sera déclassifié, mais cela n’aura rien à voir avec les UAP.

Il y a eu de nombreuses opérations clandestines de récupération menées par notre pays.

Et ce que nous avons récupéré venait bien de ce monde.

Pendant nos enquêtes, nous avons travaillé très étroitement avec les inspecteurs généraux du DoD et de la communauté du renseignement.

J’avais le responsable des programmes d’accès spécial (SAP) et celui des accès contrôlés (CAP) en ligne directe.

Nous parlions quasiment tous les jours de nos découvertes, de nos obstacles, et de la façon de rapporter les choses.

Il y a des éléments que nous avons découverts qui n’étaient pas liés aux UAP, mais qui représentaient une capacité bien réelle, et que nous avons traités comme il se doit selon les règles de sécurité.

Et nous ne pouvons pas partager cela avec le public.

Cela a frustré certains membres du Congrès qui ne faisaient pas partie des comités compétents.

Ils voulaient accéder aux preuves, mais n’y avaient pas droit — parce qu’ils n’étaient pas autorisés ni concernés.

Et ce n’était pas parce qu’on voulait cacher un incident extraterrestre, mais parce qu’on voulait protéger les capacités sensibles de notre gouvernement.

Je comprends que cela agace le public et alimente ceux qui ne font pas confiance au gouvernement.

Ils pensent qu’on utilise les arguments de sécurité pour cacher des programmes de récupération ou d’exploitation d’objets extraterrestres.

Mais nous avons cherché partout, en profondeur, pour trouver des preuves de ce genre de programmes.

Et nous n’avons rien trouvé.

Martin Willis : D’accord. Bon. Vous avez probablement entendu ces deux noms : Hal Puthoff et Eric Davis.

Tous deux affirment, à 100 %, qu’ils ont connaissance de l’existence d’une intelligence non humaine, et de récupérations d’épaves.

Ils disent que ces choses ont été mises dans des structures privées pour échapper à la surveillance du Congrès.

Alors imaginons : si vous aviez ces personnes face à vous, pourriez-vous les convoquer dans un SCIF (salle sécurisée), leur donner le statut nécessaire, et les faire parler sous serment ?

Si ce qu’ils disent est vrai, seraient-ils pris au sérieux par une agence comme la vôtre ?

Tim Phillips: S’ils respectaient les standards scientifiques, alors oui.

Mais la plupart d’entre eux n’ont pas de preuves directes.

Ils rapportent une histoire qu’un tiers leur a racontée.

Et souvent, ce qu’ils disent devant les caméras, n’est pas du tout la même chose que ce qu’ils diraient sous serment dans un SCIF.

Quand des gens ont la possibilité de rencontrer des enquêteurs gouvernementaux — qui sont impatients de découvrir s’il y a eu détournement ou mauvais usage de fonds publics — il y en a beaucoup qui aimeraient recevoir une récompense présidentielle pour avoir mis au jour une conspiration, si le gouvernement avait effectivement récupéré et exploité des technologies extraterrestres.

Mais chaque fois que l’opportunité leur a été donnée de fournir des preuves exploitables qu’AARO aurait pu utiliser pour ouvrir une enquête et générer ses propres pistes, nous n’avons jamais trouvé de preuve crédible.

Nous adorerions qu’ils travaillent avec nous.

Et j’ai imploré certains membres du Congrès, lorsqu’ils reçoivent des militants UAP — des gens qui monétisent leur accès à des informations privilégiées acquises lorsqu’ils étaient fonctionnaires, et qui maintenant en vivent — je leur ai dit :

« S’il vous plaît, invitez AARO. Laissez-nous venir avec nos scientifiques. Partagez les preuves que nous avons pu collecter. Ou bien, donnez-nous celles que vous avez reçues de ces experts, afin que nous puissions connaître la vérité. »

AARO n’est pas là pour convaincre qui que ce soit, ni soutenir une narration particulière.

On essaie juste de conduire des enquêtes crédibles pour comprendre ce que nous considérons comme des menaces à la sécurité nationale.

C’est ça, l’intérêt du gouvernement.

Martin Willis : Donc, si par exemple Jay Stratton ou Matt Brown — qui a récemment été présenté comme un lanceur d’alerte présumé — je ne sais pas s’il a suivi le processus formel comme David Grusch, mais disons que ces témoins directs se manifestent, coopèrent, et qu’un jour AARO obtient une preuve à 100 % que quelque chose nous rend visite, disons, de nature non humaine

Voici ma question en deux volets :

  1. Est-ce que AARO, à votre avis, serait transparent ?
  2. Et comment cela serait-il communiqué au public, pour que celui-ci le croie vraiment ?

Tim Phillips: D’abord, AARO doit maintenir la sécurité opérationnelle.

Nous transmettrions nos conclusions à nos comités de surveillance, et via la chaîne de commandement du renseignement et du Département de la Défense (DoD).

Nous ne prendrions pas nous-mêmes la décision de communiquer cela au public.

Cela serait décidé à un niveau bien supérieur, probablement à la Maison-Blanche.

Ce n’est pas le rôle d’AARO de déterminer si une découverte doit être rendue publique.

Nous travaillons pour le gouvernement, et respectons ses directives.

Si nous détectons quelque chose de surnaturel, et que nous pouvons le confirmer avec des preuves solides, nous en informerons immédiatement nos superviseurs et l’exécutif.

La divulgation publique serait ensuite décidée par les hautes instances, avec une coordination étroite avec les responsables de la communication, les juristes, et le Conseil national de sécurité pour déterminer comment cette information serait transmise.

Ce n’est pas AARO qui ferait l’annonce.

Mais nous avons effectivement discuté de cela en interne.

Que faire si l’on découvre quelque chose d’incroyable ?

D’abord : on le rapporte immédiatement.

Le « Gang of Eight » (les huit membres du Congrès informés des programmes sensibles) nous a obligés par la loi à signaler certains événements sous 48 heures.

Et nous avons respecté cette loi, et les consignes.

Même chose avec le DoD : Nous ne pouvons pas informer le Congrès avant d’en avoir parlé avec nos chaînes de commandement respectives (DoD et renseignement).

Nous sommes des employés de l’exécutif.

Et nous devons passer par les affaires parlementaires pour transmettre cette information au Congrès.

Mais cela serait fait très rapidement, et en conformité avec la loi signée par le président et rédigée par le Congrès.

Martin Willis  Willis: Juste pour votre opinion personnelle :

Est-ce que le public américain est prêt, selon vous, à entendre que d’autres intelligences ou civilisations existent ?

Et surtout : est-ce qu’ils croiraient cette annonce, venant de ce gouvernement ou de n’importe quel gouvernement, étant donné qu’il y a tant de défiance aujourd’hui ?

Tim Phillips: Oui.

Il y a une prolifération d’informations accessibles aujourd’hui.

Mais je pense que le public est adulte.

Le gouvernement a été instruit de faire preuve de la plus grande transparence possible.

Le fait qu’il existe une loi fédérale qui ordonne au gouvernement de rechercher dans ses archives, et de transmettre tous les dossiers UFO/UAP aux Archives nationales (NARA)
— après révision de sécurité — pour qu’ils puissent être partagés avec le public, montre bien qu’il y a une volonté sincère.

Je crois que les Américains sont capables de se faire leur propre opinion.

Donnons-leur les preuves.

Notre gouvernement ne vous dit pas comment penser.

C’est la beauté d’être Américain, protégé par la Constitution.

Donnons-leur l’accès à l’information.

Ce sont les contribuables américains qui ont payé pour cette recherche.

Ce sont eux qui paient les fonctionnaires civils qui mènent ce travail.

Nous sommes leurs serviteurs.

C’est ça que signifie être « civil servant » : nous travaillons pour eux.

Et je peux vous dire que dans les deux administrations avec lesquelles j’ai travaillé sur ce sujet, il y avait un effort sincère pour désclassifier et partager autant de données que possible avec le public américain.

Et puis, le fait que des extraterrestres existent, ce ne serait pas classifié.

Donc, la divulgation publique serait faite par quelqu’un bien plus haut placé que le directeur de l’AARO.

Martin Willis : Wow… Tout ça a été absolument fascinant. Je vais vous poser encore quelques questions plus personnelles.

Est-ce que toute cette expérience a enrichi votre vie d’une manière ou d’une autre ?

Est-ce que ce mystère, cette énigme, mérite selon vous qu’on continue à la poursuivre ?

Tim Phillips: Oui, je pense que oui.

Ce phénomène existe depuis l’origine de l’humanité, on en trouve des références à des choses extraordinaires dans la Bible.

Donc oui, je pense qu’on a besoin d’en savoir plus.

Et je pense qu’il faut exploiter toutes les données disponibles.

On a des informations financées par les contribuables, issues de capteurs, qui n’ont jamais été exploitées, et qui pourraient nous aider à valider rétroactivement certains cas historiques de UAP, nous apportant ainsi de nouveaux éclairages.

Et AARO a les partenaires de mission et les ressources pour faire ça.

Je pense que dans le futur, tout ça va se faire à la vitesse des machines.

On va lancer beaucoup d’algorithmes et d’intelligence artificielle sur ce problème, pour parvenir plus vite à une compréhension.

En tant qu’ancien officier de sécurité nationale, c’est ça qui m’importe : Je ne veux pas être surpris par une capacité ennemie qui pourrait nuire à notre pays.

On a besoin de comprendre ce que sont ces choses, de savoir comment s’armer, comment s’organiser, comment interconnecter nos moyens de détection, afin d’identifier les choses en temps réel et transmettre des alertes aux entités responsables de défendre un espace aérien ou maritime.

Et si on détecte quelque chose de surnaturel, eh bien soit.

Je ne sais pas.

Je suis un fonctionnaire bureaucrate, et il y a des choses qui dépassent notre compréhension.

On m’a déjà demandé :

« Est-ce que vous croyez à la multidimensionnalité ? »

Eh bien, en tant que chrétien, je crois aux choses surnaturelles.

Et je pense qu’il pourrait exister des domaines où les lois physiques que nous connaissons ne s’appliquent pas.

Martin Willis : Oui, beaucoup de ce que les gens disent avoir observé semble aller dans ce sens.

Tim Phillips:  Tout à fait.

Mais je suis aussi quelqu’un qui a été responsable des tests et validations de charges utiles ISR dans l’espace.

Et je peux vous dire que l’environnement spatial est extrêmement hostile à la vie biologique telle que nous la connaissons.

Et quand j’étais officier de marine, affecté au commandement Indo-Pacifique, on parlait déjà de la tyrannie de la distance, alors qu’on évoquait seulement 10 000 miles.

Si on regarde la création divine, quelque chose qui existe depuis 14 milliards d’années, et l’immensité de l’univers — au-delà de toute compréhension humaine — eh bien je pense…

…si moi, j’avais quelque chose d’aussi grand, je l’explorerais avec des machines, pas avec des êtres vivants.

Du moins, selon notre compréhension actuelle du temps et de la physique, il pourrait exister d’autres dimensions où ces limites n’existent pas.

Martin Willis  Willis: Oui. Il y a tellement de choses qu’on ignore complètement, et si peu qu’on comprend vraiment. C’est ce que je ressens.

Une dernière question :

Quel avenir pour l’AARO ? Et votre successeur, John — comment pensez-vous qu’il va assurer la continuité de votre mission ?

Tim Phillips : En réalité, je cherchais à recruter mon successeur en tant que directeur adjoint avant mon départ.

Mais j’ai finalement décidé d’attendre que la nouvelle administration et ses ministres fassent leur nomination.

Je pense que l’AARO se développe bien.

L’un de mes erreurs, lorsque j’étais directeur par intérim, c’était de penser que l’AARO ne devait pas exister.

Je pensais que c’était une mission du DoD et du Renseignement, de faire ces analyses, de gérer les capteurs, de comprendre ces phénomènes — parce que je ne cherchais pas des extraterrestres, je cherchais des menaces pour la sécurité.

Donc, selon moi, ils auraient dû intégrer cette mission dans leurs activités normales.

Ce sont des phénomènes détectés : on ne les comprend pas, donc on doit les comprendre.

Et au départ, lorsqu’on regardait la loi de financement, on a remarqué que dans 10 ans, il n’y avait plus de budget prévu.

On était censé disparaître à terme, après avoir institutionnalisé notre savoir-faire, et l’avoir transféré au :

  • NASIC (National Air and Space Intelligence Center),
  • à la communauté maritime,
  • ou à ceux chargés de la surveillance aérienne, maritime, spatiale, et de la production de renseignement.

Parce que c’est leur rôle, et c’est pour cela qu’ils sont financés.

Mais on m’a vite rappelé — par des élus — que ce n’était pas à moi de décider de l’avenir de l’AARO.

Ce sont eux qui votent les lois. Ce sont eux qui financent. Pas moi.

Et je pense que l’AARO a prouvé sa valeur, surtout dans la compréhension du phénomène UAP.

Et même au-delà : dans la détection des UAS (drones), par exemple.

L’AARO a développé des outils aujourd’hui utilisés par le DoD et le Renseignement pour détecter de petits objets volants.

Et j’espère que bientôt, on pourra aussi mieux comprendre ce qui se passe dans l’espace, et aussi dans le domaine maritime.

AARO a su créer une communauté d’intérêt, en allant au-delà du DoD et du Renseignement,
pour travailler avec :

  • le Département de la Justice,
  • NOAA (administration océanique et atmosphérique),
  • le Département de l’Énergie, etc.

Tout ça pour établir des partenariats, et exploiter des capteurs que nous n’avions pas conçus nous-mêmes, mais que nous pouvons réutiliser pour comprendre les UAP.

C’est un rôle très important que l’AARO a joué.

Et quand l’incident UAS de Langley a eu lieu, il y a deux ans en décembre, avec des drones volant dans des zones restreintes pendant plus d’une semaine, entraînant même l’arrêt des opérations dans certaines installations aériennes, eh bien, l’AARO a été mobilisé comme équipe transversale pour essayer de comprendre ce qu’il se passait.

Nos enquêteurs ont été chargés de reconstruire les trajectoires radar, pour aider la force opérationnelle policière à lancer les recherches depuis les bons lieux de lancement.

Et c’est là qu’on a découvert tous types de problèmes systémiques dans les systèmes du DoD :
beaucoup de ces systèmes avaient bien détecté les drones, mais le lendemain, les enregistrements étaient écrasés.

Parce que ces systèmes ont été conçus uniquement pour détecter, suivre, puis détruire.

Le développement de preuves exploitables en cour fédérale dans le cadre d’un cas d’intrusion illégale n’était pas inclus dans les exigences initiales des systèmes.

Martin Willis : Je vois… mais ça change, non ?

Tim Phillips : Oui, ça change.

Et AARO a collaboré avec le Département de la Justice, dans certains cas spécifiques — pas nombreux — où il y avait des revendications de preuves physiques.

On a travaillé avec des bureaux locaux du FBI pour nous aider à traiter scientifiquement des sites liés à des incidents UAP.

Le FBI et le DoJ savent comment collecter et préserver des preuves, pour qu’elles puissent être présentées dans un tribunal.

Donc si quelque chose viole l’espace aérien restreint, cela peut entraîner des charges d’intrusion, et on souhaite pouvoir produire des preuves utilisables en justice.

On veut éviter toute contamination, garder la traçabilité de la preuve, connaître son pédigrée.

C’est une des raisons pour lesquelles AARO a été sollicité, même dans des cas qui ne concernaient pas les UAP, car on avait des compétences utiles : analyse de capteurs, exploitation de données, préservation de preuves.

On a même été intégrés aux opérations anti-drones locales.

Et je pense que le programme Golden Drone va faire des choses très proches de ce que AARO a commencé :

  • Identifier les données disponibles sur les menaces dans le domaine aérien ;
  • Automatiser la détection ;
  • Appliquer des algorithmes de traitement machine en temps réel ;
  • Fournir ces données à des organismes chargés d’intervenir.

Nous, on cherche des extraterrestres, mais à cause de la diversité des signatures UAP,
il faut chercher partout : signaux acoustiques, RF, infrarouge, etc.

Je me souviens, quand j’ai pris mes fonctions de directeur adjoint, je suis allé présenter le problème à la CIA, devant le board scientifique et technique. J’ai dit :

« Voici notre problème, voici ce que fait AARO. »

Et la première question qu’on m’a posée, c’était :

« Tim, quelle est la signature que vous cherchez à détecter ? »

J’ai répondu :

« Justement, on ne le sait pas. C’est ça, le problème. »

On doit donc scruter tout le spectre, pour détecter toute anomalie possible.

C’est le type de capteurs qu’AARO commence à rechercher.

Qu’est-ce qui existe déjà — dans le commerce ou dans les programmes officiels — que nous pourrions intégrer à notre suite de capteurs Gremlin, déployer sur le terrain, et commencer la collecte de données ?

Martin Willis  Willis: Je crois que vous avez entendu parler des frères Tedesco, à Long Island ?

Tim Phillips : Absolument. J’ai lu leur livre. Et on leur a emprunté l’idée d’un système mobile de détection dans un camping-car.

Au début, notre système Gremlin nécessitait plusieurs conteneurs de 12 mètres (40 pieds),
avec du matériel commercial lourd, encombrant, mais très performant.

Puis on a compris que ce n’était pas assez agile : on ne peut pas se permettre une semaine pour installer et calibrer.

Il faut réagir vite, arriver sur place rapidement, lancer la collecte immédiatement.

Et là, on s’est dit :

« Attendez… ces gars-là ont utilisé un camping-car. Et si on utilisait des remorques légères, pas besoin de permis poids-lourd, avec alimentation, communications, traitement de données et capteurs embarqués ? »

On pourrait :

  • En déployer plusieurs à travers le pays ;
  • Les confier aux agences de protection des forces armées ;
  • Les rendre capables de se déployer rapidement en cas d’incident.

Et puis, en se basant sur l’historique des incidents UAP, on peut installer des capteurs sur les sites les plus actifs, et exploiter ces données.

AARO a même inventé des kits portables d’intervention rapide, avec des capteurs hyperspectraux à main, qu’on a remis aux entités de protection des installations.

Ainsi, lorsqu’ils voient quelque chose d’étrange, ils peuvent l’enregistrer immédiatement, nous envoyer l’image, et on commence l’analyse avec d’autres données croisées (météo, radars, surveillance spatiale…).

C’est la force d’AARO : On peut croiser les sources, mobiliser toutes les capacités gouvernementales, pour comprendre un incident UAP.

Martin Willis : Est-ce que votre successeur a la même énergie et enthousiasme que vous ?

Tim Phillips: Je peux vous dire que les candidats que j’ai vus étaient brillants, avec une expérience opérationnelle incroyable.

Ils trouveront un excellent directeur.

Le directeur actuel est un homme qui comprend la physique quantique, a des PhD en mathématiques — parmi les meilleurs cerveaux du pays.

Et cette diversité de profils entre agences, soutenue par le Congrès et l’exécutif, va nous permettre de faire de grandes choses ensemble.

On va en apprendre beaucoup.

Je regrette seulement d’être parti trop tôt, car il y avait tellement de potentiel, notamment pour :

  • travailler avec les forces de l’ordre locales, tribales, et des États ;
  • leur fournir des guides de bonnes pratiques d’enquête ;
  • créer une chaîne de transmission vers les centres de fusion de données d’État (fusion centers), puis vers le DHS ou les centres opérationnels.

On aurait pu construire un réseau maillé de détection, capable de détecter, signaler et réagir à des incidents UAP quasi en temps réel.

Mais ce qui me frustrait, en tant qu’homme de terrain et d’analyse, c’était de toujours être réactif.

Ce n’est pas ce que je veux faire.

Je veux tendre une embuscade.

Je veux être sur place avant eux, pouvoir exploiter la situation, contrôler le terrain.

Et on va dans cette direction.

Martin Willis  Willis: Excellent. Excellent.
C’était fascinant, encore une fois, et je vous remercie pour votre service et pour vos réponses.

Cette discussion a été absolument passionnante, et j’ai vraiment apprécié notre échange.

Tim Phillips : Merci à vous de partager cela avec le public américain, et de m’avoir donné le temps de participer à cette discussion.

C’est un monde extraordinaire, et j’ai envie d’en savoir plus.

Martin Willis : Absolument. Très bien, tout le monde.

N’oubliez pas de garder les yeux levés vers le ciel.

On revient ce vendredi à 18h, et mardi prochain à 19h.

Merci à tous. À bientôt.

[Musique de fin]

Ce que j’en pense…

Beaucoup d’informations passionnantes. Tim se livre sans filtres, ou si peu, peut-être qu’il est à la retraite et se permet beaucoup de liberté.

Super note aussi pour Martin Willis, que je trouve vraiment excellent pour un Tubeur dans le domaine UFO. C’est très rare, assez pour être remarqué.

En fait, j’apprécie quand ces entretiens ne sont pas montés, donc sans coupures. (Steven Greenstreet avait fait un montage de son dernier interview, mais on a toujours l’impression de perdre quelque chose…)

Résumé

Voici les éléments les plus marquants de l’entretien entre Martin Wish et Tim Phillips, ancien directeur par intérim de l’AARO (All-domain Anomaly Resolution Office) :

🛡️ 1. Des intrusions réelles dans des sites sensibles américains

  • Tim Phillips a confirmé l’existence d’incidents graves : des intrusions physiques détectées dans des sites de sécurité nationale.
  • Les objets n’étaient pas identifiés, mais bien détectés, parfois en temps réel.
  • Il qualifie ces incidents de très préoccupants pour la sécurité nationale.

🌊 2. Activité sous-marine anormale (USO)

  • AARO a collaboré avec le renseignement naval pour étudier des signatures non identifiées en milieu maritime.
  • Certains signaux ne sont pas attribués à des menaces connues, et n’ont jamais été analysés.
  • Il admet que les capacités américaines de détection sous-marine sont immatures comparées à celles du domaine aérien ou spatial.

🧠 3. Blocages dus à la peur des témoins

  • Plusieurs témoins refusent de parler par peur d’être punis, voire éliminés.
  • Certains disent avoir signé des accords de non-divulgation (NDA) assortis de peines de mort, bien que jamais présentés officiellement.
  • AARO prend cette crainte au sérieux, sans pour autant confirmer l’existence de tels documents officiels.

🛰️ 4. Aucune preuve de technologie non humaine découverte

  • AARO a examiné de nombreuses allégations de crashs et de récupération d’engins non humains.
  • Aucune preuve crédible n’a été trouvée.
  • Ils ont souvent découvert autre chose : des technologies terrestres avancées, parfois classifiées mais sans lien avec les UAP.

🏛️ 5. Rôle crucial du Congrès et des comités de surveillance

  • Sans le Congrès, l’AARO n’existerait pas.
  • Ils ont bénéficié d’un budget robuste, d’un soutien politique réel, et ont signalé leurs découvertes à 12 comités de surveillance.
  • Certains élus n’avaient pas les accréditations nécessaires pour accéder à certaines informations sensibles.

🔍 6. Le manque de preuve publique alimente les théories du complot

  • Tim reconnaît que le manque de transparence alimente les soupçons.
  • Cependant, il insiste : beaucoup de données sont classifiées à cause des capteurs utilisés, et non à cause du contenu lui-même.
  • Il souligne qu’AARO souhaite plus de collaboration avec ceux qui prétendent avoir des preuves.

🤖 7. Modernisation et exploitation des capteurs

  • AARO a développé des kits mobiles de détection rapide (inspirés des frères Tedesco).
  • Utilisation de capteurs hyperspectraux, systèmes embarqués, capteurs commerciaux, etc.
  • But : pouvoir réagir vite et collecter des données avant qu’elles ne soient écrasées (par des cycles automatiques des systèmes militaires).

📂 8. Coopération avec des alliés étrangers

  • AARO collabore activement avec les alliés : OTAN, Five Eyes, Japon, etc.
  • Les données et incidents UAP sont partagés, pour comprendre ensemble ces phénomènes.

🛑 9. Si une preuve non humaine apparaissait, elle ne serait pas publiée par AARO

  • En cas de découverte d’une preuve irréfutable d’intelligence non humaine, AARO en informerait la chaîne de commandement,
    mais la décision de rendre cela public relèverait de la Maison-Blanche.
  • Il existerait un protocole pour informer le Congrès et les hauts responsables dans les 48 heures.

🧠 10. Phillips croit en des dimensions inconnues et à l’inconnu

  • En tant que chrétien, Tim admet croire au surnaturel.
  • Il évoque l’idée de domaines où la physique ne s’applique pas comme nous la connaissons.
  • Il pense que l’intelligence non humaine utiliserait probablement des machines, pas des êtres biologiques.

Je rajoute aussi qu’il semble assez fan des histoires de triangles noirs. Il doit être un peu hanté par cela…Et aussi que les extra-terrestres ne sont pas classifiés.