SETI Talks – UAPs : Méritent-ils une attention scientifique ?

Toledo / 20.11.2021, tous droits de traduction réservés.

Introduction

Pour ceux qui ont suivis le discours de Avi Loeb datant du début 2020 que j’ai posté tout récemment ici, vous pourrez voir qu’il n’est pas passé inaperçu. Des jeunes scientifiques du SETI l’ont pris au mot, et ils nous proposent un regard et une approche scientifique passionnante sur cette affaire.

Une causerie SETI parrainée par Carl Kruse, président de l’association des anciens élèves de Princeton en Allemagne. En juin de cette année, une version non classifiée du ministère de la Défense des États-Unis a publié son rapport préliminaire sur les phénomènes aériens non identifiés (UAP). Le rapport a catalogué et étudié les enregistrements de rencontres inexpliquées vues dans le ciel par des navires et des avions de chasse de la marine américaine. La conclusion la plus ferme du rapport est que la grande majorité des UAP représentent des objets physiques, et que leurs manœuvres surprenantes ne sont pas causées par un quelconque programme de technologie avancée des États-Unis. Ils ne sont pas non plus la preuve que ces objets viennent de l’espace. Alors, qu’est-ce qu’ils sont ? Les récentes observations d’UAP n’ont jusqu’à présent pas réussi à susciter l’intérêt de la communauté scientifique. Cela pourrait s’expliquer en partie par le tabou apparent qui entoure le phénomène UAP, le rattachant au paranormal ou à la pseudo-science tout en ignorant son histoire. Les scientifiques devraient-ils s’intéresser à ces événements ? Pourquoi devrions-nous nous y intéresser ? Autant de bonnes questions, et à juste titre. Pour répondre à ces questions et discuter de la manière dont nous pourrions étudier scientifiquement les UAP, nous avons invité deux scientifiques à nous faire part de leurs réflexions. Jacob Haqq Misra, astronome SETI et chercheur principal au Blue Marble Space Institute of Science, et Ravi Kopparapu, scientifique planétaire et astrophysicien au Goddard Space Flight Center de la NASA. Tous deux ont coécrit deux articles, l’un dans Scientific American publié en juillet 2020 et l’autre dans le Washington Post en juin 2021, et ont plaidé en faveur d’une enquête scientifique sur les UAP par des équipes interdisciplinaires de scientifiques. Kopparapu et Haqq-Misra soulignent que la levée du tabou qui entoure ce phénomène susciterait une véritable recherche scientifique pour découvrir ce que sont les UAP. Molly Bentley, animatrice et productrice de Big Picture Science, animera cette conversation. Molly et les deux astronomes discuteront du tabou entourant ce phénomène et de la manière dont des équipes interdisciplinaires devraient mener une véritable enquête scientifique pour comprendre ces UAP. Comme le concluait Sagan lors du débat de 1969, « les scientifiques sont particulièrement tenus d’avoir l’esprit ouvert ; c’est l’élément vital de la science ». Nous ne savons pas ce que sont les UAP, et c’est précisément la raison pour laquelle nous devons les étudier en tant que scientifiques. Les conférences SETI sont présentées gratuitement à notre public et sont financées par les contributions de supporters comme vous. Si vous êtes intéressé par le parrainage d’un futur SETI Talks, veuillez nous envoyer un courriel à development@seti.org . Si vous aimez la science, soutenez l’Institut SETI ! Nous sommes une institution de recherche à but non lucratif dont l’objectif est de comprendre la nature et les origines de la vie dans l’univers. Faites un don ici : https://seti.org/donate

Traduction

Bill DIAMOND : Roswell New Mexico juin juillet 1947 : Un disque volant s’est-il écrasé sur le ranch de Roswell au nouveau Mexique durant l’été 1947 ou était-ce un ballon météo comme l’a rapporté l’armée américaine ?

L’armée américaine a déclaré par la suite qu’il y avait un extraterrestre biologique à bord de l’engin écrasé, et tout cela a-t-il fait l’objet d’une vaste opération de camouflage de la part du gouvernement de Roswell à aujourd’hui ?

Le sujet des ovnis, maintenant connus sous le nom d’UAP ou phénomènes aériens non identifiés, a fait la une des journaux et a captivé l’imagination des gens du monde entier, mais la communauté scientifique reste largement sceptique et les questions abondent : Pourquoi et comment, par exemple, le gouvernement aurait-il camouflé la découverte peut-être la plus importante de l’histoire de l’humanité ?

Pourquoi, s’ils ont perdu un vaisseau spatial et un de leurs citoyens, n’avons-nous pas entendu parler de la civilisation extraterrestre en question qui essaie peut-être de récupérer son bien ?

Et comment se fait-il qu’une civilisation extraterrestre capable de traverser les distances insondables de l’espace interstellaire puisse avoir la technologie pour réaliser cet exploit et ne pas avoir la capacité de naviguer dans nos cieux sans s’écraser ?

Et comment se fait-il qu’à une époque où des milliards de téléphones portables haute résolution prenant des milliards de photos chaque jour, les preuves photographiques d’OVNI restent aussi rares et de mauvaise qualité que les images datant d’il y a 50 ans ou plus ?

Dans une édition particulièrement intrigante de SETI Talks, nous allons explorer ces questions et bien plus encore avec deux invités très spéciaux qui pourraient aider à éclairer scientifiquement ce sujet qui laisse perplexe.

Je pense qu’il est juste de dire qu’à ce jour, ni le gouvernement fédéral ni la communauté scientifique, n’ont mené de véritable recherche sur le sujet des UAP et par recherche, j’entends la conduite d’expériences d’observation ou d’autres expériences de détection, spécifiquement conçues pour détecter, imager, caractériser et comprendre les phénomènes qui ont été si largement rapportés par des observations accidentelles, mais jamais vérifiés.

Nous avons la technologie pour nous aider, tout ce dont nous avons besoin, c’est de fonds, et maintenant bien sûr vous avez peut-être entendu que Avi Loeb, de Harvard, est célèbre pour avoir au moins une telle expérience en cours.

Alors bonsoir Mesdames et Messieurs et amis de l’institut SETI du monde entier, merci de vous joindre à nous pour le SETI Talks de ce soir, les UAP méritent-ils l’attention des scientifiques ?

Pour nos habitués du SETI Talks, comme pour les nouveaux invités je vous rappelle que si vous regardez ce soir sur Zoom, vous pouvez poster des questions en utilisant la fonction <Q> en bas de votre écran, et nous répondrons à au moins certaines de ces questions à la fin de la discussion, espérons-le autant que possible.

Je veux aussi vous rappeler que nous aimerions savoir d’où vous nous rejoignez, comme toujours, alors s’il vous plaît utilisez la fonction chat pour nous dire où vous êtes.

Notre hôte et modératrice pour la discussion de ce soir est la propre Molly Bentley, de l’institut SETI qui est co-animatrice et productrice exécutive de notre podcast et programme radio Big Picture Science.

Avant de céder le podium à Molly je tiens à vous faire savoir que SETI Talks est une production de l’institut SETI à Mounain View en Californie, et est rendu possible par le soutien généreux de personnes comme vous.

Vous pouvez apprendre comment s’impliquer dans nos missions, soutenez notre travail, ou inscrivez-vous aux newsletters en ligne sur seti.org.

La conférence de ce soir est sponsorisée par Carl Cruz.

Carl a grandi à Puerto Rico et a souvent visité l’observatoire d’Arecibo, des visites qui ont inspiré sa curiosité pour l’espace et ce qui s’y trouve.

Bien qu’il ait grandi à Puerto Rico, il a fait des études supérieures aux Etats-Unis, avec des diplômes de Princeton et de l’université de Stanford, et pour continuer son exploration globale, il vit maintenant à Berlin en Allemagne.

Carl a suivi et soutenu l’institut SETI depuis qu’il a pris un cours au SETI avec Seth Shostak dans les années 1990.

Malheureusement Carl ne peut pas nous rejoindre ce soir de Berlin, mais nous le remercions d’avoir rendu ce programme possible, et après cela laissez-moi lancer la soucoupe à Molly pour regarder le programme de ce soir, Molly.

Molly Bentley : Merci Bill bien bonsoir tout le monde, j’aimerais commencer par fournir quelques contextes supplémentaires pour la conversation de ce soir pour approfondir ce que Bill a dit.

La science-fiction a semblé devenir réalité à la fin de 2017 quand le New York Times a rapporté qu’un gouvernement avait un programme secret sur les OVNIs. Ce n’était pas la première enquête gouvernementale sur les OVNIs, il y en a eu quelques-unes dans les années 50 et 60 et au moment où le public a entendu parler de celle-ci, elle avait été abandonnée depuis environ cinq ans.

Mais le fait que le gouvernement avait un programme moderne sur les OVNIs a fait exploser les esprits à la vitesse de la lumière.

Maintenant nous sommes en 2020, le département de la défense publie officiellement trois vidéos de la marine issues de son programme autrefois classifié ; les vidéos semblent montrer des objets filant dans le ciel et tournant même contre le vent, et selon certains pilotes de la marine, les objets manœuvrent d’une manière dont aucun avion connu ne peut le faire, et c’est cette année en 2020 que nous avons appris que le gouvernement avait créé un nouveau programme pour enquêter sur ces objets, mais qu’il avait remplacé le terme d’ovni objet volant non identifié par celui de phénomène aérien non identifié UAP.

En juin de cette année, le groupe de travail UAP a publié son rapport préliminaire, sur des objets mystérieux vus par des pilotes militaires ; sur les 144 observations le Pentagone a pu expliquer l’une d’entre elles : C’était un ballon.

Il n’a pas pu identifier les 143 autres phénomènes énigmatiques, étaient-ils aussi des ballons, des oiseaux ou des avions nationaux ou étrangers ? Pourraient-ils être des erreurs de caméra ou des visiteurs de l’espace ?

Nos invités de ce soir aimeraient le savoir, mais ils disent que les UAP n’ont pas généré le genre d’intérêt scientifique qu’ils méritent.

Le Dr. Ravi Kopparapu est un scientifique planétaire et un astrophysicien au centre de vol spatial Goddard de la NASA ; ses études incluent l’habitabilité potentielle de planètes semblables à la terre autour d’autres étoiles, et la modélisation atmosphérique à l’aide des données du télescope spatial Kepler. Bienvenue Ravi !

Dr. Ravi Kopparapu : Merci Molly

Molly Bentley : Le Dr. Jacob Haqq Misra est astronome au SETI et chercheur principal au Blue Marble Space Institute of Science ; entre autres choses il étudie l’habitabilité planétaire, la dynamique atmosphérique et l’environnement, l’éthique environnementale et les grandes questions sur la distribution et le futur de la vie dans l’univers.

Ensemble ils ont écrit un article dans Scientific American, et oh ! Bienvenue Jacob – Continuons la conversation nous sommes très heureux que vous soyez avec nous ensemble Jacob et Ravi ont écrit un article dans Scientific American en 2020 et un op-ed dans le Washington Post cette année pour démontrer que les UAP sont des sujets légitimes d’étude scientifique, alors découvrons pourquoi ils pensent ainsi.

Jacob je vais commencer par vous ; le comportement de ces objets est pour le moins déroutant est-ce que l’un des objets dans ces vidéos bouge d’une manière qui vous fait dire « Holly Cow », comment quelque chose sur terre pourrait bouger comme ça ? Juste pour que nous puissions avoir une image dans nos esprits alors que nous poursuivons cette conversation.

Pourriez-vous choisir l’un des objets dans l’une des vidéos et décrire pourquoi son mouvement est si difficile à expliquer ?

Jacob Haqq Misra : Bien sûr oui c’est pourquoi ces vidéos sont si intéressantes et donc en 2004 c’était le USS Nimitz, et il a rencontré plusieurs objets, et c’est une partie de ce qui est capturé dans ces vidéos.

Et donc ce qui est déroutant à propos de ces objets, c’est le mouvement rapide, vous voyez des choses comme cet objet qui descend de 28 000 pieds au niveau de la mer en moins d’une seconde, et donc vous savez si vous essayez d’estimer l’accélération sur ce genre d’objets vous obtenez des centaines à des milliers de fois la force de gravité, ce qui fait que même nos pilotes les plus entraînés ne seraient pas capables de survivre à ça.

Et la quantité d’énergie nécessaire pour avoir ce genre d’accélération dépasse la technologie dont nous disposons aujourd’hui, donc rien qu’en se basant sur ça, c’est quelque chose qui, s’il ne viole pas les lois de la physique, utilise la physique d’une manière que nous ne savons pas encore faire.

Molly Bentley : Et ce sont des vidéos très courtes, donc on n’a que des bribes du comportement de ces objets…

Jacob Haqq Misra : Il y a de courtes vidéos, euh, vous savez, il y a des données radar, il y a des récits de témoins oculaires, nous allons approfondir la conversation, mais il n’y a pas encore assez de données pour dire ce qu’ils sont, mais il y a assez de bribes de données pour me faire dire : « Hé, c’est vraiment intéressant, et quoi que ce soit, c’est quelque chose de physique que nous ne comprenons pas encore« 

Molly Bentley : Ok, donc c’est un argument pour expliquer pourquoi peut-être nous devrions les étudier dans le domaine de la physique, et pas juste des bizarreries des instruments – Je veux dire que ce sont des instruments vraiment sophistiqués et ils sont conçus pour des calculs précis sur ces avions – Comment savons-nous que ce que nous voyons ne sont pas juste des bizarreries des instruments ?

Jacob Haqq Misra : Bien je vais aborder ça avec deux points. Si nous parlons des incidents récents de la marine, il est certainement possible que certains d’entre eux soient des artefacts instrumentaux, et le rapport du DNI mentionne que certains d’entre eux pourraient être le résultat d’erreurs des capteurs, et nécessiteraient probablement une analyse rigoureuse supplémentaire mais ce que nous avons vu dans le public comme vous savez quoi…

Molly Bentley : Ravi je vais vous interrompre une minute j’ai du mal à vous entendre je vais vous suggérer peut-être d’enlever votre casque, je veux dire débranchez la de l’ordinateur essayons ça oui … Donc ma question était comment savoir si ce ne sont pas juste des errata dans l’instrumentation ?

Ravi Kopparapu : D’accord donc ce que je voulais dire c’est qu’il n’y a pas d’erreurs dans l’instrumentation si nous parlons vraiment des incidents récents de la marine et qu’il est certainement possible qu’il s’agisse d’artefacts instrumentaux, le rapport du DNI mentionne bien sûr qu’il pourrait s’agir d’erreurs de capteur et qu’il faut plus de données et d’analyses comme vous l’avez dit, ce que nous avons vu n’est qu’un petit bout de données.

Mais ces UAP ne sont pas un seul type d’objet pour expliquer qu’il s’agit d’artefacts instrumentaux, leurs apparences et leurs comportements indiquent plusieurs types d’UAP, et peuvent donc nécessiter une explication différente.

Il y a une question encore plus fondamentale ici nous sommes maintenant pris avec ces nouvelles relativement récentes, mais ce phénomène n’est pas une chose nouvelle il se produit depuis des décennies et si euh le professeur James E. McDonald, dans son document « Science in Default » (1969), a écrit environ quatre situations pour tous les événements dans le passé et autour du monde qui se produisent pourraient être expliqués par des questions instrumentales ; je veux dire que tandis que les événements récents ont, à juste titre, attiré l’attention sur la discussion des UAP, nous devrions nous souvenir de l’histoire. L’histoire est importante pour nous donner un contexte afin que nous puissions comprendre nos propres préjugés.

Molly Bentley : Nous allons faire une pause avant d’aller trop loin dans l’histoire, mais maintenant vous avez démontré que, bien que certains d’entre eux puissent être des problèmes dans les instruments, ceux-ci semblent être des objets physiques. Ils semblent être des événements qui ne peuvent être expliqués par les instruments, et semblent se produire dans le monde entier.

Vous aimeriez tous les deux les étudier plus rigoureusement, mais les objets ont déjà été étudiés par le Pentagone, alors pour vous deux, qu’espérez-vous apprendre de plus, que peuvent faire les scientifiques et l’équipe de scientifiques que vous aimeriez réunir, que peuvent-ils faire qui n’ait pas déjà été fait ?

Jacob Haqq Misra : J’aimerais savoir ce qu’ils sont, et c’est le point que nous avons soulevé dans notre article du Washington Post, c’est que souvent ces conversations se concentrent sur ce qu’ils sont, et nous voulons répondre à cette question ; maintenant la vraie question que nous devons poser d’abord est comment pouvons-nous comprendre ce qu’ils sont ?

Il y a un grand pourcentage de ces objets, qui semblent être des objets dans le sens où ils apparaissent sur les radars, il peut y avoir des observations de caméras infrarouges, il peut y avoir des observations de témoins oculaires, donc de multiples longueurs d’onde, de multiples points de données indiquant qu’il s’agit d’un objet, et une plus grande partie de ces objets sont inexpliqués, plus que ce que nous pourrions accepter habituellement dans n’importe quel autre domaine de la science.

Et donc quand il y a autant de choses à expliquer, est-ce qu’elles tombent toutes dans la catégorie des oiseaux, des avions ou des ballons météorologiques ?

Si c’est le cas, on devrait comprendre pourquoi on a tant de mal à identifier ces choses.

Molly Bentley : Mais soyons clairs, parce que je pense qu’il n’y a pas de contestation sur le fait que ces objets sont vraiment déroutants. Mais qu’est-ce que les scientifiques pourraient faire que le Pentagone n’a pas déjà fait, parce qu’ils sont passés par tout ça, ils ont pu répondre à certaines questions, ils n’ont pas pu répondre, vous savez, ils n’ont pas pu identifier ce qu’étaient certains des autres objets, qu’est-ce que votre équipe et vous, qui avez appelé à une équipe interdisciplinaire pour les étudier, qu’est-ce que vous pourriez faire que le gouvernement n’était pas capable de faire par le passé ?

Jacob Haqq Misra : Et bien nous n’avons pas accès aux données du gouvernement, il y a eu très peu de données qui ont été déclassifiées, euh il y a plusieurs raisons à cela.

J’adorerais que les données soient déclassifiées, mais ils auraient probablement à révéler des informations sur ces instruments afin de donner un sens à ces données, cet instrument est probablement très secret, et vous savez peut-être que c’est une bonne chose que nous ne le déclassifions pas ; mais pour le meilleur ou pour le pire nous n’y avons pas accès.

Je ne sais pas ce qu’a fait le Pentagone, ils ont peut-être un rapport secret qui ne sera jamais publié – Je ne suis pas du tout un initié – Tout ce que je sais c’est qu’il y a eu assez d’informations venant du gouvernement américain, et d’ailleurs aussi en dehors des États-Unis.

Ce dont vous avez besoin si vous voulez dépasser ce mur de données classifiées, c’est de prendre vos propres données indépendantes, vous devez prendre des données sur de multiples longueurs d’onde dans l’infrarouge, des données radio, des données optiques, des enregistrements avec des caméras, vous pouvez utiliser certains des réseaux globaux déjà mis en place par des agences comme la NASA et d’autres, où les données sont divulguées publiquement, et les compléter avec tout ce que vous pouvez construire.

Il faut des fonds disponibles pour prendre des mesures continues, pas seulement échantillonner le ciel une fois par jour, vous devez avoir des mesures continues sur la plus grande partie du ciel possible, ce qui est fondamentalement similaire au problème que SETI rencontre, c’est juste que vous regardez à une distance différente.

Au lieu d’essayer de regarder au loin pour des signaux radio sur tout le ciel continuellement, vous voulez regarder un peu plus près, mais toujours sur tout le ciel en permanence si vous voulez vraiment savoir ce qu’il y a là.

Molly Bentley : Et nous reviendrons sur certaines des méthodes que vous pouvez utiliser, mais vous nous avez donné un assez bon aperçu de comment vous pourriez le faire, mais la clé ici est que vous voulez faire une enquête indépendante.

Donc il ne s’agit pas d’essayer d’avoir accès au rapport du groupe de travail sur les UAP, ou de l’examiner plus attentivement, ou d’essayer d’obtenir du pentagone qu’il vous donne des informations qu’il ne vous donnera pas, ou même de revenir à ces vidéos initiales.

Il semble que vous parliez de quelque chose où vous rassemblez les données par vous-même en tant que corps indépendant de scientifiques, n’est-ce pas ?

Jacob Haqq Misra : C’est bien ça et j’adorerais voir ce que le pentagone a, mais je ne pense pas que nous l’obtiendrons, et je ne pense pas que ça vaille la peine de marquer cet arbre.

Et vous savez Ravi peut parler plus des cas historiques, nous devrions apprendre de ce qui a été fait, parce qu’il y a beaucoup de, vous savez juste en termes de méthodes et de questions, mais nous n’avons pas de données de ces anciens cas non plus, nous n’avons pas assez de données pour être en mesure de faire n’importe quel type d’évaluation, donc nous devons collecter de nouvelles données.

Molly Bentley : Ravi a parlé de l’histoire, pouvez-vous nous donner un aperçu de la façon dont les enquêtes historiques passées ont été menées ? Les enquêtes et ça peut être n’importe quoi, du rapport Condon aux projets du gouvernement de Sign Grudge et Blue Book, je crois que c’étaient les noms, les noms ont changé au fur et à mesure que le temps passait, c’est ce que vous voulez dire Ravi, c’est regarder comment ils ont fait dans le passé, et prendre des conseils de ces enquêtes antérieures, n’est-ce pas ?

Ravi Kopparapu : Oui, il y a eu des rapports écrits au cours des 50 dernières années et je dirais que certaines des conclusions du rapport, quelles qu’elles soient, ont fait l’objet d’une enquête scientifique, avec une sorte de rapport d’enquête scientifique…

Molly Bentley : Le rapport Condon, dans les années 60, fin des années 60…

Ravi Kopparapu : Le rapport Condon était le résultat, celui qui est sorti à la fin des années 60 et qui disait essentiellement que peut-être que les UFOS ne sont pas scientifiquement importants à étudier ou quelque chose comme ça.

Mais je dirais que la leçon que nous voulons apprendre est qu’il y a eu quelque chose de fait à ce sujet et que c’était bien de parler d’une enquête scientifique pour faire des recherches sur ces UAP.

James E. McDonald n’était pas d’accord avec certains des résultats du rapport Condon et a essayé d’évaluer certains des cas qui ont été discutés dans le rapport de contenu lui-même, et donc vous voyez que ce genre de débat est nécessaire.

Nous ne pouvons pas simplement dire que nous ne devons pas les étudier parce que peu importe ce qu’ils sont, même des artefacts instrumentaux, c’est la façon dont la science est faite.

Ayons une discussion sur la science, comment elle est faite, et ensuite nous irons de l’avant et verrons comment, comme Jacob le dit, collecter les données et voir ce que nous apprenons à leur sujet.

Molly Bentley : Maintenant, vous avez soulevé quelque chose, hum, qui je pense est ce qui sous-tend votre argument pour expliquer pourquoi il est important de les étudier, et qui a à voir avec la raison pour laquelle nous ne les avons pas étudiés.

Vous avez dit qu’il y a eu une période où nous les avons étudiés et que ce n’était pas un problème, mais maintenant il y a un tabou autour de ça, du moins c’est ce que je comprends de ce que vous avez écrit.

Pourquoi l’étude de ce genre de phénomène OVNI ou d’UAP est considérée comme tabou parmi les scientifiques et quand est-ce arrivé ? Car comme vous l’avez dit, il y a 50 ans ce n’était pas tabou.

Ravi Kopparapu : Je vais laisser Jacob répondre en premier et je poursuivrai avec lui.

Jacob Haqq Misra : La culpabilité par association… Quand vous dites OVNI, les gens pensent à des soucoupes, des petits hommes verts, des enlèvements par des extraterrestres et tout le reste. Très rapidement, je vais vous dire que je suis allé il y a quelques années, avant la pandémie, à la bibliothèque du Congrès, j’ai parcouru les dossiers de Carl Sagan.

Il s’agissait principalement de la moitié des lettres que les gens lui avaient écrites, mais il a rassemblé divers morceaux d’écrits qui l’intéressaient, et il y avait des agroglyphes, parce qu’à l’époque nous ne savions même pas si les agroglyphes étaient un canular ou non, ou ce qui les avait causés.

Le fait que tous ces sujets soient regroupés sous le terme d’OVNI, même dans les dossiers de Carl Sagan, rend difficile de se concentrer sur un ensemble très restreint d’objets anormaux dans le ciel qui peuvent parfois être confondus avec des avions, des oiseaux ou des ballons-sondes, mais il faut les dissocier des autres sujets paranormaux – Même si certains sujets méritent d’être étudiés – Mais qui n’ont rien à voir avec les objets dans le ciel, et beaucoup de scientifiques préfèrent s’en éloigner plutôt que de s’impliquer dans la pseudo-science…

Molly Bentley : Et nous devons être clairs sur le fait que le mystère des agroglyphes a été éclairci, et que les gars se sont présentés. Mon collègue Seth Shostak a toujours aimé dire pourquoi ces agroglyphes ont toujours été faits après 17 heures le vendredi et le week-end, mais ce n’est plus un mystère.

Ce qui semble voler dans le ciel, et en fait, le tabou qui l’entoure est l’une des raisons pour lesquelles le gouvernement a changé la désignation programme d’étude des ovnis en programme d’étude des UAP, parce qu’ils ont dit que si l’on pouvait réduire les stigmates qui l’entoure, les pilotes pourraient se manifester plus souvent et admettre ce qu’ils ont vu. Le stigmate s’étend également à la communauté des pilotes, à l’idée qu’il pourrait s’agir de quelque chose d’autre qu’un vaisseau et je pense que c’est vraiment important pour l’avenir, et c’est très important pour vos enquêtes, vous l’avez dit tous les deux, se lancer dans cette enquête ne veut pas dire que vous cherchez des preuves de l’existence d’un vaisseau extraterrestre et vous voulez vous désolidariser de cela.

Ravi, vous comparez l’étude des UAP à l’étude initiale par les scientifiques des phénomènes astronomiques comme les sursauts gamma, les supernovæ ou les ondes gravitationnelles, ils semblent très différents de ce que nous voyons dans nos cieux, mais quel est le lien ?

Ravi Kopparapu : Je parlais des phénomènes transitoires et de la nature transitoire de ces phénomènes astronomiques, et de la façon dont les scientifiques les étudient.

Et donc il y a un précédent sur la façon dont on fait ça, avec quel type d’instruments et comment on collabore, partage les données, collecte de nouvelles données, publie le processus scientifique et c’est le contexte dont je parlais, comment étudie-t-on les phénomènes transitoires, ces UAP sont transitoires, beaucoup d’entre eux sont des phénomènes transitoires eux-mêmes et donc …

Molly Bentley : Juste pour être clair quand vous dites que vous avez demandé ça, c’est quelque chose que vous avez demandé dans certains de vos écrits, je pense dans le Washington Post ou dans l’article du Scientific American, c’est ça ?

Ravi Kopparapu : Oui…

Molly Bentley : C’est ce que vous voulez dire, c’est ça, les phénomènes transitoires sont très brefs, et certains de ces événements ne se répètent pas, vous n’avez qu’une seule chance, c’est ça le problème…

Ravi Kopparapu : Oui, mais c’est une catégorie de phénomènes que nous devons observer, comme les sursauts gamma ou les supernovas. Nous connaissons la nature astrophysique de ces phénomènes transitoires parce que nous les avons étudiés.

Si je vois quelque chose, par exemple, un objet brillant dans le ciel, et que je suis je suis astronome, et que je ne veux pas l’étudier, mais en faire un tabou de l’étude de ce phénomène, alors on ne progressera jamais, et on ne le comprendra jamais.

Peut-être quand on étudiera les UAP, on verra que tous les UAP peuvent s’avérer être complètement banals, ou bien totalement cool, mais alors faisons un processus scientifique pour les comprendre et ainsi pour savoir ce qu’ils sont plutôt que de spéculer.

Molly Bentley : Seriez-vous déçu si ce sont tous des ballons ?

Ravi Kopparapu : Je n’ai aucune raison de l’être, non, pas du tout.

Notre approche est agnostique, donc nous devons être ouverts à tout. Si c’est un ballon, c’est bien, si c’est un ballon étrange, alors j’aurai appris quelque chose.

Molly Bentley :  Ok bien vous deux vous demandez une équipe interdisciplinaire, euh, ce qui veut dire des scientifiques de toutes sortes de disciplines différentes. Quel genre de disciplines voulez-vous inclure dans cette équipe ?

Ravi Kopparapu : Donc dans ce cas, euh, d’après ce que nous avons appris, au moins ceux que nous avons vu, ils semblent être principalement dans l’atmosphère de la terre, comme phénomènes atmosphériques, donc nous devrions avoir, vous savez, des personnes liées à l’aérospatiale, euh, et à l’aviation, et nous avons probablement besoin de météorologues – Jacob est bien sûr un météorologue, nous devrions avoir des scientifiques en physique pour comprendre ce qui se passe dans l’atmosphère.

Je ne dirais pas que c’est une liste exhaustive mais ce sont les trois ou quatre expertises d’experts qui seraient vraiment utiles pour commencer à travailler …

Molly Bentley :  Et ce, dans le monde entier ou non… ?

Ravi Kopparapu : Peu importe je veux dire qui si un expert est un expert, alors…

Molly Bentley : Ok bien pourriez-vous tous les deux nous donner une idée réelle de ce à quoi ces études ressembleraient, je veux dire que Jacob a donné une vue d’ensemble, mais parlons-nous de scientifiques qui, pendant une période de temps, installent des postes d’observation, se contentent d’étudier des données ou comment les scientifiques peuvent-ils faire pour s’assurer de la qualité de leur travail ? Comme vous l’avez dit, ces phénomènes sont transitoires, alors vous installez des télescopes ou des sites de collecte de données vidéo infrarouges ou radar et vous attendez simplement ou à quoi cela ressemblerait-il ?

Ravi Kopparapu : Quelque chose comme ça, je dirais, et probablement des caméras de poursuite rapide parce que lorsque nous parlions de phénomènes transitoires, et différentes longueurs d’onde spectrales, certaines d’entre elles pourraient être des infrarouges, peut-être dans l’ultraviolet, peut-être dans l’infrarouge lointain, et même les fréquences du spectre radio serait bonne.

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Molly Bentley : Je voudrais que vous nous disiez pourquoi il est si important d’obtenir toutes ces différentes longueurs d’onde

Ravi Kopparapu : Le radar serait probablement utile parce qu’on peut potentiellement obtenir une sorte de vitesse ou de portée pour ces objets… infrarouge parce que pour voir s’ils émettent des radiations thermiques, optique juste pour voir comment ils fonctionnent dans la bande visible.

Molly Bentley : Et ensuite vous avez dit quelque chose le repérage rapide, à l’aide de caméras. Je dirais pourquoi, pourquoi est-ce important ?

Ravi Kopparapu : Parce qu’ils sont transitoires, vous savez, je ne sais pas, je vais entrer dans un peu plus de détails, je vais probablement devoir parler à des experts sur ce point si nous avons ce problème, pour savoir à quelle vitesse nous voulons les suivre.

Nous devons commencer avec quelque chose, et voir si nous pouvons suivre n’importe lequel de ces objets, peut-être qu’au début nous pourrions réussir avec certains des objets pour voir à quelle vitesse ils vont, peut-être qu’ensuite nous pourrons affiner nos instruments.

C’est comme ça que le processus doit commencer, on doit commencer à un endroit précis.

Molly Bentley : Et Jacob, est-ce que ce sont des observations terrestres ? ou comme Ravi l’a dit, c’est dans la haute atmosphère, comment allez-vous monter là-haut pour observer ?

Jacob Haqq Misra : Je veux dire, en fin de compte, ça dépend du montant des fonds disponibles.

Mais de façon réaliste, si les fonds sont limités, vous auriez un réseau de surveillance terrestre. Dans le rapport du groupe de travail de l’UAP, je n’ai pas une confiance aveugle dans le gouvernement, mais le gouvernement dit dans le rapport qu’il appelle à plus de coopération intergouvernementale pour partager les données afin d’essayer d’identifier ces problèmes, et ce genre de modèle consiste à tirer des données des satellites de la NASA, par exemple, et d’autres sources de données publiques, gouvernementales ou non et qui sont disponibles pour n’importe qui.

Et ensuite collecter nos propres données et comme oui, vous allez devoir embaucher des post-docs ou quelque chose comme ça pour s’asseoir et fouiller dans ces données… il pourrait y avoir quelque chose qui pourrait être appris maintenant sans collecter trop de données supplémentaires, mais vraiment juste en comparant soigneusement les données de plusieurs ensembles de données qui ne sont pas toujours comparées, donc ça pourrait être un autre endroit où commencer pendant que nous essayons de collecter de nouvelles données.

Molly Bentley : Euh, avez-vus des scientifiques qui vous ont contacté pour vous dire qu’ils voulaient faire partie de ce projet si on pouvait juste réunir les fonds et l’organisation, ils ont répondu à votre appel ?

Jacob Haqq Misra : Il y a certainement des scientifiques qui nous ont contactés pour nous dire qu’ils étaient intéressés à en parler, ils sont d’accord pour dire qu’il ne devrait pas y avoir de tabou, et je pense que le résultat le plus encourageant est la prise de position formelle du gouvernement américain sur ce sujet, et que cela a aidé à briser le tabou.

Il n’y a pas encore d’investigation scientifique sur les UAP, mais on est là à vous parler, je ne m’inquiète pas pour ma carrière, ni pour ce qui va se passer demain.

Il y a 10 ans, ça n’aurait pas été le cas, ça aurait été plus risqué pour moi et Ravi d’avoir cette conversation, ce que je n’aime pas.

Je pense qu’on devrait pouvoir parler de n’importe quoi, ce sont des scientifiques, tout devrait être ouvert si on est honnête avec la façon dont on pose les questions

Molly Bentley : Ce n’est pas juste un tabou, c’est un tabou avec des conséquences…

Jacob Haqq Misra : Ça l’a été pour certaines personnes…

Molly Bentley : Je vois vous savez ces objets, hum, cette idée de fournir une sorte de réseau global dans votre liste de souhaits – Et vous devriez présenter votre liste de souhaits – C’est toujours bon à entendre s’il n’y avait pas de restrictions de moyens, ce que tout le monde voudrait, mais si vous deviez le faire si vous deviez la restreindre un peu.

Vous savez ces objets sont souvent vus par des pilotes et c’est au-dessus de l’eau, c’est souvent au- dessus de complexes militaires et autour des aéroports.

Est-ce que cela vous guide, en d’autres termes est ce qu’il y a quelque chose à propos de l’endroit où les phénomènes sont repérés qui pourrait cibler la façon dont vous pourriez les étudiez ?

Jacob Haqq Misra : Je veux dire que je pense que les pilotes commerciaux seraient un endroit où aller parce que ce n’est pas du tout lié à l’armée, et qu’il y a eu des observations par des pilotes commerciaux, peut-être étudier un peu ces cas, cette piste.

Je ne sais pas s’il y a des modèles qui seraient raisonnables à prédire, j’ai du mal à y croire, mais dans tous les cas, vous pourriez faire quelque chose avec des pilotes commerciaux ou même juste des avions privés volant à haute altitude, c’est un endroit où commencer

Ravi Kopparapu : Je suis d’accord. Je pense que certains des endroits où des événements UAP ont été rapportés serait un bon point de départ pour voir ou parler aux personnes qui ont été impliquées auparavant, et voir si on peut avoir ces instruments près de ces endroits serait un bon point de départ.

Molly Bentley : Est-ce que j’ai bien caractérisé le fait que c’est souvent au-dessus des installations militaires ?

Ravi Kopparapu : Je dirais que c’est un biais d’observation, parce que c’est de là que viennent les rapports, ça ne veut pas dire que c’est le seul endroit où ils sont présents.

Molly Bentley : C’est un très bon point. Sur les pilotes, et c’est juste une curiosité pour moi, je ne sais pas si vous avez parlé à des pilotes mais la plupart de ces rapports – Quand ce sont des rapports de pilotes de la marine ou de pilotes militaires – Ils rapportent évidemment ce qu’ils ne comprennent pas, mais est-ce que quelqu’un a eu des comptes-rendus directement de pilotes qui savent ce qu’ils voient ?

Peut-être qu’au début ils ne savaient pas ce qu’ils voyaient, puis ils ont compris par la suite.

Bien sûr ils ne le rapporteraient jamais, et cela ne deviendrait jamais un rapport d’incident.

Quelqu’un est-il curieux de savoir si quelqu’un a parlé à des pilotes qui ont dit : « Oh oui, j’ai vu quelque chose comme ça, puis j’ai compris que c’était un ballon ou n’importe quoi d’autre ».

(Note : Ce qu’elle essaye de dire, c’est de travailler sur le processus qui fait que des personnes sont induites en erreur un certain temps, puis après comprennent ce qui s’est passé réellement ; de mieux comprendre ces mécanismes de porte à faux, qui ne sont certainement pas suffisamment connus et analysés).

SILENCE…

Molly Bentley : Est-ce que je vous ai coincé ?

Ravi Kopparapu : Non, non, non… Est-ce que l’un d’entre nous l’a fait ?

Molly Bentley : Non, mais je ne demande pas si l’un d’entre vous l’a fait, mais je me demande si ce n’est pas aussi une façon de faire, pas seulement ce qui a été rapporté, mais peut-être ce qui n’a pas été rapporté ou ce qui a été résolu, c’était juste une chose à laquelle je pensais, quand on parle de ce que les pilotes ont vu.

Jacob Haqq Misra : Vous feriez cela dans une enquête, surtout si vous essayez d’incorporer des témoins oculaires, vous ne pouvez pas baser toute une enquête sur des témoins oculaires, mais si vous avez un radar, une vidéo et des témoins oculaires, alors vous voulez parler à ces gens et il y a des méthodes pour faire des entretiens oraux et pour comprendre comment l’histoire change en fonction de la première observation et des répétitions de cette histoire, donc euh oui, on peut supposer que cela se produirait s’il y avait un rapport selon lequel un pilote a vu un UAP et qu’il a été enregistré et que vous suiviez cette enquête plus tard.

Vous interrogeriez le pilote, et s’ils apprennent ensuite ce que c’est, alors une bonne enquête permettrait de s’assurer qu’ils ont bien compris l’histoire.

Molly Bentley : Donc on dirait que ce que vous demandez est quelque chose d’assez stratifié ; donc vous utilisez les instruments pour collecter les données mais vous parlez aussi aux témoins oculaires et vous essayez de rassembler le tout pour avoir une compréhension complète de la situation.

Jacob Haqq Misra : Je veux dire que l’idéal serait d’avoir tellement de capteurs que vous n’auriez même pas besoin de parler à qui que ce soit, comme on le fait pour les exoplanètes, pour lever toute ambiguïté, mais au moins pour commencer, si ce sont des événements transitoires et qu’on ne sait pas exactement où chercher et qu’on a des ressources limitées, vous devez probablement au moins prendre ça en compte, vous n’avez pas à croire tout ce que tout le monde dit, mais vous savez, Molly, vous parlez de qui doit être impliqué dans tout ça, vous avez besoin de scientifiques sociaux impliqués, des gens qui comprennent comment conduire des entretiens et comment recueillir des histoires orales, et puis… et la méthodologie de la mythologie impliquée dans ça.

Ravi Kopparapu : Alors je peux dire quelque chose ici, alors oui, les scientifiques sociaux doivent être impliqués dans ce processus probablement parce que, euh, je suppose que Jacob, tu veux dire à cause des récits des témoins oculaires, c’est comment faire les interviews ?

Jacob Haqq Misra : Oui, c’est un art, tout comme on sait comment faire des expériences et faire fonctionner des télescopes. Mais comment faire une interview est une compétence pour laquelle je ne suis pas formé.

Ravi Kopparapu : Mais pour une véritable enquête scientifique, les données, et les données instrumentales, je vais être plus clair, les données instrumentales sont celles dont nous avons besoin pour progresser dans la compréhension de ces UAP, parce qu’ils nous donneront une idée de ce que les gens peuvent ou ont pu voir.

Avoir des données instrumentales est ce qui nous aiderait à comprendre et à faire des bonds en avant dans la compréhension de ces objets. Je sais que les endroits des témoins oculaires sont les endroits où les gens voudraient aller pour vérifier ou poser des questions, mais les données physiques sont ce qui compte vraiment si on veut faire quelque chose de tout ça.

Molly Bentley : Prenons un peu de recul et regardons le processus scientifique en général parce que ce n’est pas le premier sujet scientifique qui a été tabou, ou qui était tabou à étudier, et je me demande si vous deux pourriez donner un exemple de phénomène scientifique qui était tabou mais qu’on a quand même étudié et qui a donné des résultats. Y a-t-il des exemples qui nous sortes de l’esprit ?

Jacob Haqq Misra : Ouais, ouais, absolument, alors je vais en donner un, c’est l’endosymbiose, c’est l’idée que nos cellules, euh, ont en fait une petite mini-cellule à l’intérieur, la mitochondrie, la centrale électrique de la cellule, et dans une plante, ce sont les chloroplastes, et l’hypothèse était qu’il s’agissait d’organismes séparés qui ont été avalés par la cellule.

Lynn Margulis était l’une des championnes de cette idée, et elle a été ridiculisée en disant que ça n’avait aucun sens qu’une cellule avale un autre organisme et devienne une cellule à double organisme, mais nous savons que c’est correct maintenant parce que nous pouvons prendre l’ADN des mitochondries et des chloroplastes et montrer que c’est leur propre ADN séparé de la cellule.

Et donc je veux dire que ça a complètement révolutionné la façon dont nous pensons à l’évolution et à la biologie, et oui, à un moment, vous pouviez probablement risquer votre emploi en disant que c’était une technologie d’intérêt de recherche.

Molly Bentley : C’est incroyable parce que c’est une compréhension tellement fondamentale de la biologie, maintenant que l’ont que les cellules ont des mitochondries, et qu’elles étaient à l’origine des cellules vivantes libres, probablement libres, qui ont été avalées par la cellule mère ou la cellule père.

Hum Ravi, qu’est-ce que vous alliez dire ?

Ravi Kopparapu : Excusez-moi non je disais que la tectonique des plaques était un autre type de sujet, c’est très récent, c’est très raisonnable, donc oui je veux dire que c’était durant longtemps une autre discussion scientifique qui était taboue, mais c’est maintenant que nous comprenons comment la terre fonctionne ; les mécanismes géophysiques de la terre sont basés sur le cycle du manteau et du manteau interne, et ensuite la croûte, la surface de la terre, fonctionne avec le mécanisme de la tectonique des plaques.

Donc si on peut étudier ces choses, on a besoin de le faire parce que les gens qui s’y intéressent, on devrait faire une étude scientifique similaire sur ces – Euh – UAP aussi, c’est comme ça qu’on a la possibilité d’informer le grand public sur le processus scientifique, c’est un excellent moyen d’enseigner le processus scientifique aux – Euh – non scientifiques, alors saisissez cette opportunité.

Molly Bentley : Ce que vous dites, c’est que ce serait un bénéfice supplémentaire…

Ravi Kopparapu : Correcte !

Jacob Haqq Misra : J’aime l’exemple de la tectonique des plaques que Ravi a donné, parce que c’est Alfred Wegener qui a proposé l’idée de la dérive des continents, il ne connaissait pas la tectonique des plaques, mais il a remarqué que les continents avaient des formes similaires et qu’il y avait des distributions de formes qui s’alignaient si vous déplaciez les continents ensemble, et une partie de la raison pour laquelle l’hypothèse de la dérive des continents, juste le déplacement des continents, a été rejetée à son époque, c’est parce qu’il manquait un mécanisme explicatif, et qu’il a fallu attendre jusqu’à ce qu’on découvre l’étalement des fonds marins.

Lorsque la science de la tectonique des plaques est arrivée, alors l’hypothèse de Wagner a été justifié rétrospectivement.

Et donc il y a une sorte de parallèle avec l’UAP, vous savez, je n’aime pas avancer une hypothèse en termes de ce qu’ils sont, tout ce que je dirai c’est qu’ils semblent être des objets qui méritent d’être étudiés mais… Hum, vous n’avez pas besoin d’avoir une explication théorique complète pour ce que vous étudiez afin de l’étudier.

Il y a beaucoup d’exemples de cela en science, et la tectonique des plaques en est un excellent ; alors nous aurions pu continuer à étudier la dérive des continents, et peut-être nous serions arrivés à la tectonique des plaques plus tôt, si nous avions juste été un peu plus ouverts.

Molly Bentley : Vous avez dit que vous n’aimiez pas vous engager dans la spéculation, mais est-ce que je peux le faire ?

Jacob Haqq Misra : C’est votre émission (RIRES)

Molly Bentley : Je ne sais pas si c’est la mienne, mais pendant que je me préparais pour cette conférence, j’ai lu quelque chose dans le New York Times en octobre et c’était assez surprenant, du moins je le pense.

Les militaires Américains avaient été pris par surprise en voyant les Chinois tester un missile hypersonique, et le pentagone l’a décrit comme le moment spoutnik de la Chine, donc ce n’était pas un petit événement, mais quelque chose de conséquent.

La façon dont ce missile se déplace ressemble beaucoup à certains de ces UAP, il est décrit comme un missile hypersonique qui peut changer de trajectoire soudainement, il peut zigzaguer et se déplacer d’une façon qui rendrait toutes les défenses anti-missiles des USA obsolètes.

Personne dans cet article, ou dans les autres articles que j’ai lus à ce sujet il y a seulement quelques semaines, n’a fait le lien avec le rapport du DNI sur les UAP, et je me demande s’il est possible que la réponse à ce que sont ces missiles soit juste devant nous.

Ravi Kopparapu : si quelqu’un d’autre sur cette planète avait ce genre de capacité, alors je dirais il y a probablement 60 ans, donc bien il est certainement possible que certains de ces objets puissent provenir d’autres nations.

Nous ne pouvons pas avoir une explication globale pour tous les cas partout dans le monde à chaque instant dans le passé, donc oui c’est possible que ça puisse venir de vous savez certains de ces objets pourraient venir d’autres pays, mais il y a juste trop de cas pour que cette explication soit valable pour tous.

Molly Bentley : Ok c’est bon je veux rappeler aux gens qui écoutent, les membres du public que vous pouvez nous écrire des questions, et nous allons commencer à prendre des questions très bientôt.

Euh j’en ai une autre avant de passer aux questions du public.

Ravi et Jacob comment savez-vous que l’étude est terminée ? A un moment donné le rapport Condon par exemple, dans les années 60 s’est terminé.

A quel moment vous dites – « Bien nous avons été capable d’identifier ces objets, ou alors nous n’avons pas pu identifier ces objets – Ou nous ne pouvons pas identifier tous les objets »

Est-ce que ça veut dire que nous devons juste accepter que certaines choses ne peuvent pas être expliquées ?

Mais la question est : quand l’étude est-elle terminée ?

Jacob Haqq Misra : Oui, c’est ça, c’est une excellente question. Et vous savez, nous avons le même problème dans nos autres recherches que nous faisons tous les deux, c’est-à-dire que nous voulons rechercher des exoplanètes pour la science de la vie, des biosignatures ou des signatures technologiques, des choses qui intéressent aussi l’Institut SETI.

Alors quand a-t-on fini de chercher assez de planètes pour dire qu’il n’y a pas de lumière, disons qu’on ne trouve rien tout de suite, comment faire pour donner une limite, chercher un millier de planètes ou dix mille ?

Et donc vous savez, il n’y a pas de limite pour savoir quand vous savez que vous avez assez cherché pour conclure à une réponse négative, mais vous pouvez avoir une sorte de direction statistique.

Par exemple, si on a expliqué 90 des cas qui étaient inexpliqués, et qu’il n’y a pas d’autre explication pour les cas inexpliqués, et qu’il reste 10% ou 1%, vous savez il doit y avoir une sorte de sentiment que nous avons fait un travail statistiquement complet, et que nous n’avons rien trouvé.

Et à ce stade nous allons prendre du recul et réévaluer, mais vous savez nous n’en sommes pas encore là avec les exoplanètes dans les études de biosignatures, nous ne faisons que gratter la surface.

La NASA, vous savez, le rapport de l’enquête décennale, a recommandé favorablement une mission de recherche d’exoplanètes qui ne nous mènera même pas jusqu’à elles.

D’ici-là, nous trouverons 20 planètes habitables, et je serai un vieil homme à ce moment-là, alors je ne sais quand nous aurons suffisamment cherché la vie dans l’univers sur des exoplanètes, probablement quand les arrière-arrière-petits-enfants des personnes qui auront entendu cet appel seront vieux, en supposant que le financement continue d’augmenter pour soutenir ce genre de mission.

Donc je pense que nous serons très loin de comprendre les UAP jusqu’à ce que nous ayons un réel effort de collecte de données en cours…

Ravi Kopparapu : Donc, euh, l’une des choses est que lorsque nous avons trouvé la première exoplanète, on ne s’est pas arrêté là : on s’est dit ok on a trouvé une exoplanète, allons-y et puis on a trouvé, vous savez des centaines, et des milliers maintenant.

On sait que l’exoplanète la plus commune est probablement une planète de la taille d’une mini Neptune, comme celle dans notre système solaire.

Et donc c’est une étude statistique, et maintenant nous essayons de trouver des biosignatures ou des signatures technologiques.

Quand nous en trouvons une, nous ne fermerons pas nos télescopes pour retourner faire autre chose, nous voudrons trouver la distribution de la vie dans l’univers

Donc je n’essaie pas, malheureusement, de relier cette recherche de la vie avec vos UAP, à mon avis, elles sont totalement différentes, à moins que quelque chose de fort n’apparaisse et que vous sachiez qu’il y a un lien, donc c’est pourquoi nous devons continuer.

Molly Bentley : Et, euh et je lis les questions qui ont été postées ici.

Quel est le protocole pour la diffusion publique si les UAP sont confirmés comme une technologie extraterrestre ? Donc si vous décidez que c’est extraterrestre comment allez-vous nous l’annoncer ?

Jacob Haqq Misra : Si nous sommes indépendants du gouvernement américain, avec le secret, la classification et tout ça, mais que c’est entre les mains de citoyens privés et de scientifiques qui font leur travail, je veux dire que c’est analogue à quelque chose comme le SETI Institute qui veut trouver de la vie extraterrestre, comment annoncer ça ?

Il y a eu des discussions sur les protocoles, comment vérifier son travail avant d’annoncer quelque chose d’important comme ça ?

Avant d’annoncer quelque chose d’important comme ça, vous appelleriez peut-être quelques amis et vous vous assureriez qu’ils peuvent corroborer vos observations et vérifier vos calculs, et donc vous voudriez au moins nominalement avoir ça, euh et donc vous savez il y a quelques discussions et des protocoles publiés, qui ne sont pas juridiquement contraignants, mais ils font quelques recommandations sur la façon dont, vous savez diffuser l’information de manière responsable.

En tout cas vous ne voulez certainement pas le cacher aux gens qui veulent vraiment savoir, mais aussi vous assurer que vous n’êtes pas en train divulguer des informations, et que vous devrez vous rétracter ensuite.

Molly Bentley : Il y a donc un protocole, et je suppose que si vous trouvez quelque chose d’aussi intéressant qu’un vaisseau extraterrestre, vous aurez un peu de temps pour vous assurer que vous nous le ferez savoir de la manière appropriée.

Nous avons d’autres questions à poser et je vais peut-être demander que les réponses soient brèves pour que nous puissions les passer en revue, car les gens sont très intéressés.

La question suivante est : combien d’argent faut-il pour financer un réseau de surveillance ? peut-être le réseau idéal que Jacob a dit qu’il aimerait avoir ?

Jacob Haqq Misra : Je veux dire, vous savez, ce serait probablement de l’ordre de centaines de millions, ou des milliards si vous voulez vraiment le faire sérieusement, les missions phares de la NASA coûtent des milliards de dollars, vous savez, les initiatives de rupture sont des efforts de 100 millions de dollars pour scanner le ciel, donc je pense que si vous voulez vraiment collecter des données à une échelle globale, ça va coûter cher.

Molly Bentley : Je pense que nous pouvons tous imaginer que c’est conséquent. Une autre question est un peu plus spécifique. Comment pouvons-nous entraîner nos systèmes d’observation et nos capteurs à reconnaître que des vaisseaux inconnus entrent ou sortent de l’atmosphère, à grande vitesse ou qu’ils présentent les observables décrits par l’AATIP, le rapport du gouvernement.

Comment pouvons-nous mettre en place un réseau capable d’observer si des objets entrent ou sortent de notre atmosphère ?

Ravi Kopparapu : Donc il y a beaucoup de choses qui entrent et sortent de l’atmosphère terrestre, donc le bruit (Note : De la masse de données…) est un facteur important ici.

Donc nous avons besoin de bruits, et nous avons besoin d’avoir un bon algorithme pour distiller le bruit et identifier les éléments intéressants ; même si vous trouvez quelque chose, ce n’est peut-être pas celui que vous cherchez. Cela peut aussi être quelque chose que vous avez négligé, et donc pour mener cette analyse et faire ce dont nous avons besoin, il faut avoir des bonnes méthodes d’analyse, et des algorithmes qui peuvent être formés par les apprentissage automatique. Les algorithmes d’intelligence artificielle sont probablement ceux sur lesquels nous devons nous concentrer pour les développer.

Molly Bentley : Donc, vous recueillez les données brutes, vous observez le ciel, puis vous utilisez ces algorithmes pour filtrer et cela rejoint la question suivante, et je pense que vous y avez déjà répondu, mais si ça ne vous dérange pas de résumer à nouveau, comment feriez-vous pour trier les milliers de transitoires astronomiques qui se produisent chaque nuit ? comment faire pour filtrer certains de ces phénomènes, vous avez dit naturels.

Ravi Kopparapu : Nous connaissons la nature de certains de ces phénomènes transitoires astronomiques, donc si nous avons les données, nous pouvons peut-être exclure une partie des données collectées juste par comparaison, avec les caractéristiques connues des phénomènes astronomiques.

Et même si certains d’entre eux sont laissés de côté, ils peuvent quand même s’avérer être des phénomènes astronomiques connus, juste parce qu’ils ne sont pas des phénomènes naturels, juste parce qu’ils peuvent avoir des caractéristiques différentes de ce que nous n’avons pas observé auparavant.

Donc comme je l’ai dit il n’y aura pas d’éléments francs pour dire « Ahhhhh » voici quelque chose qui est totalement différent.

Vous en trouverez plusieurs totalement différents, mais vous devrez soigneusement les trier. Maintenant c’est là que la compréhension du bruit entre en jeu.

Nous ne pouvons pas dire que nous avons trouvé quelque chose, nous pouvons seulement dire que ces choses ont l’air intéressantes, et c’est là que nous avons une idée de ce que nous pouvons trouver.

On ne peut pas dire si les objets ressemblent à un phénomène astronomique que l’un ou l’autre d’entre vous connaît bien. Vous savez qu’une erreur potentielle d’identification peut toujours se produire alors oui certains d’entre eux pourraient éventuellement ressembler à des phénomènes astronomiques, mais encore une fois étant donné le type de données, vous savez si vous avez des données spectrales, les données de longueur d’onde, si vous avez une sorte de données sur les mouvements, peut-être alors on peut mieux trier et filtrer, sinon ils peuvent sembler similaires.

Molly Bentley : Mais je veux dire quand vous avez regardé ces vidéos vous avez dit oh mon dieu ça ressemble un peu à un météore …

Ravi Kopparapu : On dirait que d’après les bribes de données que les pilotes ont vu quelque chose, et ils disent que c’est quelque chose donc je pense que ce n’est pas une vidéo…

Molly Bentley : Je veux en venir aux autres questions. Vous savez dans votre article vous citez Carl Sagan, et vous dites que les scientifiques sont particulièrement tenus d’avoir l’esprit ouvert, c’est l’élément vital de la science, et ça rejoint le point que Ravi vient de soulever.

Maintenant en en quoi cette étude des UAP serait-elle un exemple de la façon dont la science est censée être faite, et quel est le rôle de l’humilité dans tout ça ? C’est un mot que tu as utilisé dans une conversation que j’ai eue avec toi Jacob, alors qu’est-ce que ça signifierait en termes de démonstration du meilleur d’une entreprise scientifique ?

Jacob Haqq Misra : Bien sûr oui, vous savez en tant que scientifiques, on ne devient pas des scientifiques parce qu’on sait tout, et je pense que certains scientifiques l’oublient.

On est en fait des scientifiques parce qu’on ne sait pas tant de choses sur l’univers, et parce que qu’on ne sait pas grand-chose de l’univers et qu’on veut comprendre, c’est pour ça qu’on est des scientifiques.

Et donc s’il y a quelque chose et qu’on ne sait pas ce que c’est, il s’agit d’une anomalie dans le ciel, et cela devrait être quelque chose qui excite les scientifiques, peut-être pas tous les scientifiques, mais un nombre suffisant d’entre eux, parce que c’est quelque chose que nous ne comprenons pas.

Et donc je pense que vous savez, il y a une sorte d’humilité qui doit être au cœur de ce qui nous motive en tant que scientifiques, que nous ne savons pas et que nous sommes en fait… toujours en train d’essayer de prouver que nos modèles et nos hypothèses sont fausses pour en apprendre plus.

Et nous ne voulons pas, nous n’essayons pas d’arriver au sommet de la montagne et de dire « Très bien, j’ai tout compris maintenant ».

Vous savez, je pense qu’il y a cet orgueil démesuré, qui peut infecter la science un peu trop, et nous avons définitivement besoin de plus d’humilité pour réaliser que nous ne savons vraiment pas beaucoup de choses sur l’univers.

Ravi Kopparapu : Mais j’aimerais offrir un contrepoint, sur le fait que les scientifiques sont, vous le savez, à juste titre, sceptiques et conservateurs, parce qu’ils ont besoin d’une analyse rigoureuse et de tests rigoureux.

C’est ainsi que tout ce que nous savons maintenant, c’est grâce à la méthodologie scientifique que nous avons suivie.

Mais elle a ses inconvénients, le processus prend du temps, donc certaines choses peuvent être retardées, mais à la fin, la chose qui résiste à tous ces tests restera comme une explication solide.

Donc le processus est difficile, le processus est sceptique, le processus est conservateur, mais il fonctionne.

Molly Bentley : Le processus inclut aussi la publication, et cela m’amène à la question suivante d’un membre de l’auditoire, qui est de savoir si vous allez publier l’étude, et si vous allez la publier dans un journal appelé UAP, s’il y a un journal de ce genre, et si elles seront évaluées par des pairs ?

Ravi Kopparapu : Oui, je pense que c’est ça, c’est que la publication est une chose qui doit arriver et parce que c’est là que nous pouvons partager les données, pour que les collègues puissent les évaluer ; c’est bon pour la science, et puis vous savez, peut-être trouver des failles dans notre analyse, c’est encore bon parce qu’alors nous allons l’affiner et l’améliorer.

Molly Bentley : Ok merci pour ça. Il y a beaucoup de questions ici et elles défilent assez vite, la prochaine question concerne le financement, encore une fois, et où c’est un peu différent de la question du montant, la question est d’où viendrait le financement ?

Jacob Haqq Misra : Vraisemblablement de philanthropes privés, euh vous savez si les agences du gouvernement américain sont intéressées pour financer ça ? Je veux dire que je ne vois aucune indication de cela pour l’instant, donc on peut supposer que ce serait un financement privé.

Molly Bentley : Ok, un financement privé, ok, laissez-moi vous demander ceci … si de toutes les conclusions possibles sur la nature de ces objets, quel résultat serait le plus important scientifiquement et le plus excitant personnellement pour vous ? Et c’est peut-être notre dernière question, il y a une autre question que je vais vous poser sur la façon dont le public peut être impliqué, mais cela peut nécessiter quelques spéculations, et je sais que Ravi disait qu’il fallait être très prudent à ce sujet, mais si vous pouviez juste maintenant, partager avec nous ce qui serait le plus important scientifiquement, et ce qui serait en fait personnellement très très excitant ?

Les ballons sont l’un des éléments, parce que je sais que vous avez été très excité par l’idée qu’il y a 400 différentes sortes de ballons, mais qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ?

Ravi Kopparapu : Je préfère laisser cela à Jacob…

Molly Bentley : Non, non, je pense que vous devez répondre à cette question !

Ravi Kopparapu : Je dois être prudent ici parce que j’essaie d’éviter ce genre de spéculations. Tout doit suivre une méthode scientifique, et puis quoi qu’il en ressorte, je me reposerais et je serais plus à l’aise pour faire confiance aux résultats, et je serais plus excité à ce sujet parce qu’alors je saurai que c’est pour les bonnes raisons.

Molly Bentley : Ok donc on dirait que ce qui t’exciterait, c’est d’avoir une réponse et de sentir que tu es passé par la méthode appropriée, la science, et que c’était une étude rigoureuse et que vous êtes arrivé à une conclusion finale.

Ravi Kopparapu : Correcte !

Molly Bentley : Ok, et vous ne seriez pas juste un peu excité si c’était des extraterrestres ?

Ravi Kopparapu : Un peu – Hum – Un peu est un euphémisme

Molly Bentley : Ok, ok. Jacob que diriez-vous d’important scientifiquement, et peut-être juste personnellement qui serait très excitant ?

Jacob Haqq Misra : Bien sûr et bien une des choses qui m’a attiré vers ce sujet c’est le fait que c’est un tabou parce, qu’en tant que scientifique ça irrite vraiment ma sensibilité profonde, du genre vous ne pouvez pas me dire que je n’ai pas le droit d’étudier quelque chose si je pense que c’est intéressant.

Et donc dans ce sens avoir cette conversation et écrire des articles, euh c’est encourageant pour moi et je serais dans le coup avec vous. En ce sens je serai heureux si vous savez, dans 10 ou 20 ans vous pouviez être professeur et que les UAP sont un des éléments de votre portefeuille de recherche, et que personne n’y prête attention, et qu’il y a des fonds disponibles pour ça même si c’est une enquête encore en cours à ce moment-là.

Je serais vraiment excité que vous sachiez que nous avons été une petite partie de l’apport d’un domaine dans le courant dominant, et que depuis les débuts nous avons fait des progrès, et de reconnaître qu’il y a quelque chose d’intéressant.

Alors j’en serais vraiment heureux, mais je dirais que s’il y a vraiment ce qu’on voit, pas seulement dans les vidéos de la marine, mais dans les observations qui ont été rapportées au fil du temps, s’il y a vraiment de la physique inconnue qu’on ne comprend pas, je serais vraiment excité d’apprendre quelque chose de vraiment nouveau sur la physique, quelque chose qui défie ce qu’on a appris dans nos cours de physique à l’université, et qui nous force à reconceptualiser notre technologie.

Et je ne me soucie même pas de la source, comme si j’étais un astrobiologiste, bien sûr que je serais excité de trouver des extraterrestres, même sur une exoplanète, mais en termes de ce que sont les UAP… même si c’est totalement découplé de quoi que ce soit d’extraterrestre, mais que ça enseigne cette nouvelle physique, ce serait vraiment cool.

Molly Bentley : Si c’est dans le genre de quelque chose comme l’énergie noire ou la matière noire ou quelque chose comme ça, la définition de l’énergie noire est en fait assez vague.

Jacob Haqq Misra :  C’est quelque chose que nous ne comprenons pas, si et si c’est banal. c’est quelque chose que ce sont tous des ballons mais qui pour une raison ou une autre ont été mal classés, ça semble important, ça pourrait même être un risque pour la sécurité ou la défense nationale si on identifie mal autant d’objets banals, il y a encore quelque chose qu’on ne sait pas

Molly Bentley : Oui, on a le temps pour d’autres questions, mais c’est l’une d’entre elles… vous pensez que ces objets euh posent un risque pour les gens ?

Ravi Kopparapu : Euh pour les avions oui c’est un problème de sécurité, c’est un problème de sécurité parce que vous savez on a des nouvelles des pilotes qui ont on fait des rapports, vous savez plusieurs autres exemples montrent que l’absence de preuve n’est pas une preuve d’absence.

Molly Bentley : Vous savez, hum, vous avez dit que vous ne seriez pas, je paraphrase donc je ne sais pas si j’ai tout à fait raison, mais vous ne seriez pas déçu si ce n’était pas des extraterrestres, si c’était d’autres phénomènes physiques, hum, ce serait formidable.

Mais disons que que ce sont des vaisseaux extraterrestres, est-ce que ça vous donnerait l’impression que votre travail dans le SETI, la recherche d’une la recherche d’intelligence extraterrestre n’a servi à rien, c’est la question d’un de nos auditeurs qui pense que l’écoute de ces signaux n’a servi à rien parce qu’ils sont venus nous rendre visite tout le temps ?

Jacob Haqq Misra :  Oh, vous savez, c’est une excellente question et donc, je suis intéressé par la recherche d’intelligence extraterrestre, et pas seulement par l’écoute de signaux radio d’exoplanètes, je veux dire, je vais être bref.

Je veux dire je vais faire vite, mais vous savez on devrait chercher la pollution atmosphérique et d’autres choses, pas seulement les signaux radio, mais il y a aussi d’autres choses qu’on peut chercher et étudier.

On a voyagé et lancé des vaisseaux spatiaux en dehors de notre système solaire, on prévoit d’envoyer des sondes vers des systèmes stellaires proches, il n’y a aucune raison pour que des extraterrestres ne puissent pas envoyer des vaisseaux spatiaux dans notre système solaire, donc nous nous appelons cela le système solaire SETI et l’idée qu’il pourrait y avoir des artefacts extraterrestres volant autour du système solaire, qu’ils soient cassés ou non, c’est quelque chose qui m’intéresse depuis un certain temps.

Et je pense que c’est quelque chose que nous devrions continuer à étudier, donc le lien que je pense que beaucoup de gens ont à l’esprit, est que si vous avez un vaisseau flottant librement dans le système solaire, qui est d’origine extraterrestre et qui entre dans l’atmosphère terrestre, c’est un UAP et je ne suis pas sûr, je n’ai pas vu moi-même de preuve pour relier les deux, pour relier les UAP qui ont été observés au fil du temps avec cette idée de SETI du système solaire, mais je reconnais le fait que, hypothétiquement, s’il y avait un vaisseau spatial extraterrestre volant dans l’espace, il serait intéressant pour le SETI jusqu’au moment où il entre dans l’atmosphère, et maintenant il est appelé UAP et à cause de la stigmatisation, nous ne pouvons pas l’étudier.

Donc ce scénario particulier je ne suis pas convaincu que c’est ce que nous avons vu jusqu’à présent, mais il faut garder l’esprit ouvert dans ce sens que si vous ne pouvez pas le faire, une fois parce que c’est stigmatisé, cela crée juste ce problème où vous savez dans cette hypothèse il a dit qu’il raterait la chose qu’il essaie de trouver, donc dans ce sens si nous découvrions qu’ils étaient extraterrestres , non je serais excité alors parce que cela me dirait qu’il y a une connexion entre le système solaire SETI et les UAP.

Je ne vois pas la connexion aujourd’hui, mais je serais excité de découvrir qu’il y a un lien.

Molly Bentley : Donc ils ne s’excluent pas mutuellement… vous savez les pilotes ont une très bonne vue bien sûr… mais un des membres de l’audience a écrit : « Et les astronautes de la station spatiale internationale ? »

Est-ce que quelqu’un les a contactés et s’est demandé ce que leurs yeux dans le ciel pourraient nous dire ?

Ravi Kopparapu : Pas que je sache…

Molly Bentley : OK, bien, la dernière question était de savoir ce que vous aimeriez que ce soit et ce qui vous exciterait personnellement… C’est bien de savoir que Ravi serait excité par ce projet… qu’est-ce que le public peut faire et est-ce qu’il y a quelque chose que quelqu’un écrit que les gens ordinaires peuvent faire pour contribuer aux efforts de recherche sur les UAP ?

Jacob Haqq Misra :  Il y a des projets de loi au Sénat en ce moment, et je pense que le Congrès est généralement intéressé par cette question, donc je pense que vous pouvez écrire aux membres de votre Congrès pour leur dire que vous êtes intéressés par cette question.

Concentrez-vous sur ce dont nous avons parlé ici, à savoir qu’il y a un besoin d’investigations scientifiques supplémentaires et je pense que plus le Congrès entendra des gens dire qu’ils s’intéressent à cette question et que c’est dans le cadre d’un argument scientifique cohérent et rationnel, je pense que cela ne peut qu’aider.

Molly Bentley : Jacob et Ravi, merci beaucoup de nous avoir rejoints ce soir dans cette discussion. À savoir si les UAP devaient être discutés scientifiquement ou pas…Je pense que vous avez très bien argumenté en ce sens, je passe la parole à Bill maintenant

Bill Diamond : Merci Molly, merci Jacob et merci Ravi, c’était vraiment fascinant, je pense que de grands sujets ont émergé de cette conversation.

Avant tout le besoin d’une approche scientifique rigoureuse pour répondre à cette question et pour la séparer et la différencier de la pseudo-science qui a dominé le sujet.

J’ai pensé qu’il était également très intéressant que vous citiez ces exemples vraiment importants de la tectonique des plaques, et également le phénomène des mitochondries en biologie cellulaire, comme étant des sujets qui étaient auparavant considérés comme des idées qui étaient auparavant considérées comme absolument absurdes, et qui sont maintenant acceptées comme des connaissances scientifiques courantes et scientifiquement fondées.

C’est aussi intéressant que ce phénomène, que peut-être que des gens, il y a plus de 50 ou 60 ans, qui ont vu des choses dans le ciel qu’ils ne pouvaient pas vraiment comprendre, je pense qu’il est juste de dire que le phénomène des ovnis a été quelque chose, dans la conscience publique, depuis environ 50 ou 60 ans, je suppose depuis la fin des années 1940.

Et pourtant l’une des choses qui sépare notre époque de celle d’alors, c’est que nous disposons des outils et des technologies pour mener une enquête scientifique rigoureuse sur ce sujet, et c’est un peu comme le SETI, bien que je pense qu’en ce qui concerne le phénomène de l’ovni, il n’y a pas de différence entre les deux.

Il est probablement juste de dire que les gens pendant des milliers ou même des centaines de milliers d’années ont regardé le ciel et se sont demandés si nous étions seuls, mais ce qui rend notre époque unique est notre capacité à répondre à cette question, parce que nous avons les outils et les technologies pour l’aborder, donc je pense que ce sont des points fascinants, comme je l’ai dit dans mes remarques préliminaires.

Des outils et des techniques comme par exemple notre système de caméras de détection de météores cams qui est un réseau mondial de systèmes de caméras qui pourrait être réutilisé sous une forme ou une autre pour faire ce genre de travail, au moins dans le domaine optique, donc il y a beaucoup d’opportunités ici.

Je veux vous remercier encore une fois Molly, Jacob et Ravi, et aussi je veux vous remercier, veux remercier notre audience pour vos excellentes questions, et bien sûr comme toujours nous n’aurons jamais le temps de répondre à toutes, mais j’espère que nous avons répondus à celles qui vous ont semblé particulièrement intéressantes.

Je tiens à souligner que, comme toujours, nous avons touché un public international ce soir et je pense que cela prouve une fois de plus que la curiosité nous unit tous en tant qu’êtres humains, indépendamment de notre langue, de notre sexe, de notre race ou de notre ethnie, nous partageons cette curiosité commune aux Etats-Unis, nous avons eu des gens de Virginie, du Hawaii, du Colorado, de l’Arizona, du Michigan, du Minnesota, de la Californie, du Texas, de l’Alabama, du Rhode Island, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie.

Du Texas, Alabama, Rhode Island, Illinois, New york, Oregon, Georgia, Utah, Arizona, Washington, Missouri, Nebraska, Wisconsin, Pennsylvania, Nevada, Massachusetts, Alaska et ohio, et à l’international, nous avons eu des gens et amis avec nous du Mexique, Canada, Perou, Colombie, Italie, Inde, Australie, Equateur, Norvège, Royaume-Unis, Paname et Argentine, donc c’est merveilleux d’avoir un public aussi international avec nous ce soir et merci à tous de vous être joints à nous.

Avant de conclure, laissez-moi vous rappeler que SETI Talks est une production de l’institut SETI ; nous sommes à Mountain View en Californie, nous sommes une institution de recherche et d’éducation à but non lucratif, et notre mission est de mener la quête de l’humanité pour comprendre les origines et la prévalence de la vie et de l’intelligence dans l’univers, et de partager ces connaissances pour inspirer et guider les générations actuelles et futures.

Cette série de conférences est financée en partie par des dons du public et des amis de la science comme vous. Nous vous proposons ces conférences et d’autres événements gratuitement, mais nous sommes très reconnaissants pour tous les dons qui nous permettent de continuer à vous présenter les histoires de la science et de l’exploration extraordinaire.

Pour plus d’informations vous pouvez faire un don si vous le souhaitez, inscrivez-vous à notre lettre d’information scientifique mensuelle que nous appelons Journey qui est pleine de toutes sortes d’histoires merveilleuses …Je pense qu’en fait nous la publions maintenant chaque semaine donc il y a toutes sortes de nouvelles qui vous arrivent tout le temps donc merci encore à vous tous d’être avec nous aujourd’hui et merci à la modératrice de ce soir Molly Bentley et à nos orateurs invités Jacob et Ravi merci aussi à notre sponsor Carl Cruz pour avoir financé cette conversation sur les UAP, et bien sûr je veux remercier Rebecca, Frank Lee, Simon, Beth, Jasmine et le reste de l’équipe de l’institut SETI qui rendent possible la série des SETI Talk.

N’oubliez pas de visiter notre chaîne YouTube et de faire le tour de l’incroyable éventail de conférences, de présentations et d’autres vidéos et la conférence de ce soir sera parmi celles des prochains jours et si vous êtes intéressés par le sponsoring d’un événement de SETI Talks, contactez-nous notre adresse email info@ceti.org et rappelez-vous que le travail que nous faisons aujourd’hui est très important pour nous tous, pour toute l’humanité, alors ne restez pas là à regarder, vous pouvez venir nous rejoindre sur seti.org et vous impliquer dans la recherche de la vie au-delà de la terre est un voyage de découverte ultime et nous vous invitons à venir avec nous, alors merci encore d’être avec nous ce soir.

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