Toledo, le 7 décembre 2025

Depuis 2017, une petite constellation de personnages – Luis Elizondo, Eric Davis, Christopher Mellon, et quelques autres – a façonné une large partie du discours public moderne sur les OVNI. Leur récit, relayé par des médias complaisants, des chaînes YouTube sensationnalistes et une partie du public impatient de croire, a progressivement glissé vers une forme classique de
conspirationnisme structuré : opaque, auto-référentiel, immunisé contre la critique, et fondé sur des affirmations impossibles à vérifier.
Ce qui devait être une démarche de transparence est devenu, au fil des ans, un système fermé, reposant sur des témoignages non sourcés, des documents introuvables et une rhétorique de la dissimulation totale.
Voici pourquoi.
1. Des affirmations extraordinaires… sans preuves extraordinaires
Le cœur du discours de ce trio repose sur des concepts très simples :
- des programmes secrets ultra-compartimentés,
- des récupérations de vaisseaux non humains,
- des études sur des matériaux exotiques,
- des équipes d’ingénierie travaillant dans l’ombre.
Mais aucun document officiel, aucune photographie nette, aucun rapport vérifiable, aucune preuve matérielle n’a jamais été présenté au public ou au Congrès.
Le mécanisme rhétorique est toujours le même :
“Je ne peux pas montrer la preuve… mais si vous saviez ce que je sais…”
C’est exactement la structure d’un récit conspirationniste :
- un initié qui prétend détenir la vérité,
- un public qui doit “croire sans voir”,
- et une entité toute-puissante (Pentagone, CIA, contractors) accusée de tout cacher.
2. Le principe du “juste assez” : révéler sans révéler
Elizondo et Mellon ont créé une forme d’ambiguïté très rentable médiatiquement :
- assez d’affirmations pour exciter le public,
- pas assez de détails pour être réfutables.
C’est un modèle qui empêche toute falsification.
Lorsque des journalistes demandent des preuves, on répond :
“Elles sont classifiées.”
Quand le Pentagone dément le rôle d’Elizondo, on rétorque :
“C’est la dissimulation.”
Ce modèle circulaire est typique du conspirationnisme auto-protégeant :
tout élément allant contre le récit prouve l’existence de la conspiration.
3. Une réécriture sélective de l’histoire ovni
Le trio s’appuie sur un vieux mécanisme ufologique :
réactiver la mythologie des crashs (Roswell, Aztec), des récupérations d’épaves et des programmes secrets.
Mais ce narratif n’est soutenu par aucune enquête officielle moderne :
- le rapport AARO ne trouve aucune preuve de programmes cachés,
- les audits du DoD ne montrent aucun budget noir lié à des “reverse engineering” extraterrestres,
- les documents FOIA du NRO, NSA ou CIA ne confirment jamais ces récits.
Le discours ignore les décennies de travaux sceptiques, les erreurs de perception, les illusions instrumentales et les méprises technologiques.
La complexité disparaît au profit d’un récit simple, linéaire, séduisant.
4. La stratégie de l’autorité d’expertise
Elizondo, Mellon et Davis utilisent leur CV comme argument :
- “ancien du Pentagone”
- “ancien du renseignement”
- “physicien de l’exotique”
- “haut fonctionnaire”
Ce n’est pas un argument scientifique.
Ce n’est pas une preuve.
C’est un argument d’autorité, un outil classique pour donner du poids à des affirmations invérifiables.
Le conspirationnisme moderne n’est plus le fait de marginaux :
il vient souvent du centre du pouvoir, précisément parce que ces acteurs savent que leur statut impressionne.
5. La logique du “disclosure never-ending”
Leur discours suit une mécanique bien rodée :
- un scoop annoncé (programmes secrets, crash retrievals…)
- une attente médiatique
- puis… rien de concret
- on annonce : “Les révélations arrivent bientôt”
- le cycle recommence
C’est ce qu’on appelle un disclosure delay loop, bien connu dans les théories conspirationnistes : toujours plus de promesses, jamais la conclusion.
Le résultat ? Une communauté toujours en attente, toujours frustrée, toujours plus convaincue.
6. Une absence totale de vérification indépendante
Aucune des affirmations du trio n’a été validée par :
- un journaliste d’investigation indépendant,
- un comité scientifique,
- une instance judiciaire,
- un audit du Congrès.
Par contre, plusieurs éléments ont été démentis publiquement par :
- le DoD,
- la Navy,
- l’AARO,
- des FOIA massifs,
- d’anciens collaborateurs.
Lorsqu’un récit ne survit pas au fact-checking, mais survit grâce à la croyance, nous sommes dans la culture conspirationniste, pas dans la transparence.
Conclusion : un récit séduisant, mais qui repose sur le vide
Elizondo, Mellon et Davis ont réussi un coup de maître :
faire croire qu’ils révélaient un secret gigantesque, alors qu’ils n’ont jamais fourni la moindre preuve vérifiable.
Leur discours mélange :
- ambiguïté,
- storytelling pseudo-militaire,
- rhétorique mystique,
- fascination technologique,
- et promesses sans fin.
Cela ne signifie pas que tout ce qu’ils disent est faux.
Mais cela signifie que rien n’est démontré.
Et qu’un récit non démontré, auto-alimenté, impossible à vérifier, structuré autour d’acteurs qui “savent mais ne peuvent pas dire”, est par définition un narratif conspirationniste.
Pour avancer réellement sur les phénomènes aériens non identifiés, il faut sortir de ces spirales spéculatives, rompre avec les “initiés” autoproclamés, et revenir à ce qui a toujours manqué à ce dossier :
des données, des faits, de la science, et de la transparence réelle.
En conclusion…
Bien sûre, ce n’est pas vraiment ce que j’aurai souhaité écrire. Et pourtant je l’ai fait.
J’avais promis de ne jamais vous mentir, alors je continue dans la même voie.
Replongez dans l’histoire, et vous verrez que ce ne sont pas les premiers à raconter ces bobards, et qu’il y en aura encore beaucoup d’autres ;>)